Au mois de mars 2021, j’évoquais une étude qui montrait que vivre près des arbres aidait à prévenir les dommages vasculaires liés à la pollution. Une étude publiée le 30 août dernier dans la revue Environmental Health Perspectives* démontre le lien entre la présence de végétation dans son environnement (plantes, jardins, parcs, buissons) et le ralentissement du vieillissement biologique. L’objectif des chercheurs australiens de l’université Monash était d’évaluer la corrélation entre la verdure environnante et le vieillissement biologique basé sur la méthylation de l’ADN.
Les chercheurs se sont intéressés à l’un des marqueurs les plus forts du vieillissement biologique : les changements de méthylation liés au vieillissement trouvés dans l’ADN d’un individu. En effet, le vieillissement peut provoquer le recouvrement de certaines sections de l’ADN par des molécules de méthyle. A l’inverse, le vieillissement peut également réduire la méthylation dans d’autres domaines entraînant une surexposition des gènes, qui peut être tout aussi nocive. Les chercheurs ont donc souhaité mesurer l’âge biologique d’une personne en le comparant à son « âge ADN ». Bien que les changements de méthylation soient inévitables, il est en effet possible de calculer ainsi l’accélération du vieillissement biologique qui est influencé par les comportements alimentaires, l’exercice ou l’environnement. L’hypothèse était que la quantité de verdure dans l’environnement immédiat d’une personne pouvait jouer un rôle dans la réduction du vieillissement biologique accéléré. Un degré élevé de densité de végétation pourrait réduire ainsi le stress mental, offrir un espace d’interaction sociale, encourager l’activité physique et réduire les dommages causés par la pollution atmosphérique et la chaleur, des déterminants d’une bonne santé.
Les niveaux de méthylation de l’ADN ont été analysés via des échantillons de sang et l’ « âge ADN » a été calculé pour chacune des 479 femmes australiennes de 130 familles. Dans un deuxième temps, les chercheurs ont cartographié les niveaux de végétation à proximité des domiciles des participantes à l’étude. L’étude montre qu’une augmentation de 0,1 unité de l’indice de végétation par différence normalisée à moins de 500 mètres de la maison est associée à une réduction de 0,31 an du vieillissement biologique. Des études de cohorte précédentes montrent que cela équivaut à une réduction de 3 % de la mortalité toutes causes confondues. L’association est restée stable lors de la mesure de la verdure à 300 mètres, un kilomètre et deux kilomètres de la maison.
L’étude révèle que l’exposition à des espaces verts est associée à une inversion des changements de méthylation de l’ADN résultant de l’exposition à la fumée de cigarette et à une amélioration de la fonction immunitaire et de la santé métabolique. La végétation peut même être associée à une réduction des tissus adipeux observés dans l’obésité et à une amélioration de la santé rénale.