Apparemment peu fréquente, mais peut-être sous diagnostiquée, l’allergie au miel mérite qu’on s’y intéresse et ne manque pas alors de surprendre à la fois les patients et les médecins qui y sont confrontés.
L’évocation du diagnostic est d’autant plus importante que ce produit de la ruche, dont l’origine naturelle n’attire pas d’emblée l’attention du consommateur quant à sa responsabilité potentielle dans la survenue de manifestations allergiques, se comporte parfois comme un allergène masqué [1,2]. Sa présence dans un produit industriel n’est pas nécessairement mentionnée dans la composition alors que la dose réactogène peut être extrêmement faible comme le suggèrent quelques cas d’urticaire probablement liés à la consommation d’une boisson dans un récipient ayant préalablement contenu une infusion au miel et insuffisamment nettoyé [1].
Mélange complexe de pollens et de nectar, de protéines présentes dans les sécrétions salivaires et pharyngées des abeilles, de propolis ou encore de cire, le miel est ainsi ponctuellement incriminé dans la survenue d’un syndrome oral, de troubles digestifs, d’un angio-œdème, d’une urticaire aigüe, d’une crise d’asthme, ou d’un choc anaphylactique [2]. Cette allergie alimentaire concerne beaucoup moins les apiculteurs ou patients allergiques aux venins d’hyménoptères, chez lesquels une sensibilisation asymptomatique est souvent retrouvée, que des personnes sensibles à certains pollens [2]. En particulier, l’allergie alimentaire au miel est fréquemment associée à une sensibilisation aux pollens de composées, et notamment au pollen d’armoise [2,3,4].
Mais le miel, dont l’utilisation à visée cosmétique semble de plus en plus fréquente, peut aussi être responsable d’allergies de contact [5], en particulier lorsqu’il est enrichi en propolis [6]. Et il semble qu’une allergie alimentaire puisse succéder à une sensibilisation par voie cutanée [5].
En cela le miel est un exemple typique d’ingrédient d’origine naturelle perçu à juste titre comme bénéfique pour la santé et donc considéré comme anodin, mais potentiellement responsable d’allergies alimentaires et/ou cosmétiques. Il semble que ces allergies soient rares mais elles peuvent être sous-estimées. L’important est d’être informé pour mieux les dépister et les gérer.
Bibliographie :