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Sexe et Allergie : l’Allergie au liquide séminal

publié le 31/05/2010 | par arcaa

Une histoire à épisodes multiples.

La femme allergique présente un certain nombre de manifestations pathologiques liées à la condition féminine elle-même. Elles sont très diversifiées comme les aléas consécutifs à l’usage des produits cosmétiques, les soins capillaires ou plus rarement en lien avec l’allaitement….

Les problèmes allergiques peuvent survenir :

  • en lien avec la sexualité
  • lors de la conception médicalement assistée
  • au cours de la grossesse et plus largement les relations entre asthme et grossesse

L’Allergie au liquide séminal :

1. Historique :

  • 1958 : 1er cas décrit aux Pays Bas
  • 1969 : 2ème cas décrit par Halpern
  • 1979 : 1er cas diagnostiqué et désensibilisé au liquide séminal
  • 1995 et 1996 : 12 patientes désensibilisées au LS
  • 2004 : 80 cas décrits

Mais les préservatifs ont plus de 3000 ans ! Et La consommation est de plus de 500 millions/an

2. Description Clinique

Il s’agit le plus souvent de femmes jeunes 16 à 33 ans en moyenne, Souvent suivies pour des candidoses vaginales à répétition et avec un échec des traitements habituels. Elles présentent des signes cliniques variables :

  • un prurit vulvo vaginal après un rapport sexuel
  • une rhinite, ou un bronchospasme survenant 3h après le rapport
  • des réactions cutanées d’urticaire ou d’Œdème de Quincke

Il peut exister aussi des phénomènes loco régionaux (plus fréquents) ou systémiques disparaissant en cas d’usage de préservatifs et réapparaissant dès leur suppression ; mais une association parfois avec d’autres allergies plus classiques ; on pourrait ajouter la mise en évidence d’un cofacteur hormonal (disparition des troubles à l’arrêt de la pilule)

Le Diagnostic n’est pas simple et se fait sur différents éléments :

  • Des arguments cliniques et chronologie des accidents
  • Des examens biocliniques (nécessitent le liquide séminal du partenaire) :
    • Tests cutanés (prick tests) et IDR si besoin avec un extrait stérilisé (ce sont des techniques de tests d’allergie)
    • Recherche d’ IgE spécifiques (technique Cap System) en général augmentées
    • TTL utile en l’absence d’Ig E spécifiques et dans le cadre des réactions loco régionales (hypersensibilité retardées)
    • Test de provocation respiratoire par aérosol d’une solution très diluée de sperme mais risque d’asthme, ces tests ne sont pas anodins et dénués de risque

Le mécanisme immunopathologique peut être réalisé en association une inhibition du RAST IgE et un Immunoblot et ne se pratique que de façon exceptionnelle dans des laboratoires qui ont l’habitude de les réaliser. Cependant les tests cutanés et de provocation ne doivent être effectués qu’après les tests sérologiques de l’hépatite de la syphilis et du VIH .

Les manifestations sont parfois liées à l’existence d’une protéine « l’antigen coating », enveloppant les spermatozoides. Une grossesse devient possible avec des spermatozoïdes lavés; le rôle de cette glycoprotéine (pourrait venir d’un AG spécifique de la prostate)

Nature du/des allergène(s) du liquide séminal

La nature précise de l’allergène reste mal connue : il s’agit probablement une ou des glycoprotéine(s) 14 à 75 kilo-daltons ? c’est probablement une molécule d’origine prostatique : la kallicréine prostatique (notion de R. croisée entre extrait squames et liquide séminal de chien et un antigène des PSA, chez 70% des allergiques au chien –Can f 5 ) et 24% des patients allergiques au chien ont des Ig E spé vis-à-vis du L. séminal humain ( Basagana et al JACI 2008;121:233-39)

Les mécanismes immunologiques peuvent etre :

  • Des réactions de type I : Ig E dépendante +++++
  • Des réaction d’ HSR de type III : éruption cutanée fixée avec début retardé vers la 8ème heure (très rare )
  • Des manifestations cliniques de l’allergie au liquide séminal

Les réactions systémiques se présentent par :

  • soit un prurit généralisé, urticaire et angio-œdème
  • des manifestations respiratoires : (wheezing, stridor)
  • des manifestations nasales avec rhinorrhée, congestion nasale
  • des Nausées, vomissements, et diarrhées
  • au pire un CHOC ANAPHY ( n=10/80)

Les réactions locales se manifestent par :

  • un prurit, des brûlures vulvaires et vaginales et/ou un érythème local
  • des Douleurs abdominales et pelviennes
  • une vulvo-vaginite chronique

Parfois peut survenir une éruption cutanée fixe, 1 seul cas, pas de signe systémique ou local

Fréquence des principales manifestations cliniques

1. Symptomatologie systémique isolée 31%

  • Locale isolée 21%
  • mixte (systémique et locale ) 39%

2. Début des symptômes

  • durant le coït 21%
  • après 1 à 5 min 48%
  • 5 à 30 min 18%
  • > à 1 heure 13%

3. Disparition des symptômes ( n= 28 )

  • en 3 heures n= 8
  • de 3 à 24 heures n= 9
  • en 1 à 7 jours n =11

Survenue de l’accident initial et vie sexuelle

  • Symptômes lors de la première relation sexuelle 23/ 56 patients : 41% ? L’observation du Professeur Bernard Halpern signalait déjà cette particularité explication : rôle d’allergènes croissants ?
  • Symptômes survenant après arrêt temporaire des relations sexuelles : quelques cas rapportés en période post –grossesse
  • Symptômes susceptibles de survenir seulement après contact cutané avec le liquide séminal (Ohman JR et al JACI 1990;85) : 103-107

Traitement

  • L’immunothérapie ne donne pas de résultats dans les réactions locales
  • Dans les réactions systémiques à type de bronchospasme, une IT a déjà été réalisée mais n’est pas recommandée (VIH)
  • Le préservatif reste la seule protection, posant le problème de la procréation, qui peut alors se faire par insémination de spermatozoïdes lavés
  • Le cromoglycate a parfois donné des résultats dans les réactions locales, de même l’arrêt de la pilule

Conclusion

L’allergie au liquide séminal est rare, surtout pour les réactions systémiques de bronchospasme, les réactions loco régionales sont plus fréquentes et s’associent à des cofacteurs comme les traitements hormonaux, mais il faut toujours vérifier une allergie possible au latex

Dr Françoise LEPRINCE – Médecin Allergologue – Membre expert en allergologie de l’ARCAA – Association de Recherche Clinique en Allergologie et en Asthmologie

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