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Point de vue du Président du collège interdisciplinaire SEIQA

Respecter le microbiote des bâtiments pour une meilleure santé ?

publié le 11/03/2020 | par Fabien Squinazi

Les études sur la composition microbiologique des environnements intérieurs ou microbiote « propre au bâtiment » révèlent que des éléments tels que la structure, les matériaux, la ventilation ou les pratiques des occupants vont entraîner la sélection de différents micro-organismes qui, par la suite, survivent et interagissent avec les occupants. Une faible biodiversité de ces organismes aura pour conséquence une moyenne plus élevée de pathogènes.

Depuis deux siècles, notre mode de vie a considérablement changé et la population passe aujourd’hui plus de 80 % de son temps dans des espaces clos. Ces bâtiments offrent peu de niches où des bactéries peuvent se développer. Pour des raisons d’hygiène, les matériaux sont de plus en plus hydrophobes, inorganiques et non poreux. L’utilisation fréquente de produits chargés en substances chimiques, tels que les produits d’entretien, engendre des conditions de stress qui sélectionnent des bactéries capables de dormance, multi-résistantes. Pour l’Académie nationale des sciences, ce sont ces déséquilibres du microbiote qui vont favoriser la survenue de maladies. Par ailleurs, une hygrométrie faible de l’air intérieur est habituellement constatée dans les immeubles climatisés dont l’air est asséché au cours de son transfert dans les conduits aérauliques, en absence d’humidification. Le Docteur Taylor de la Harvard Medical School a montré qu’un air sec altère les fonctions de barrière et diminue la résistance aux infections chez l’homme. Les mécanismes de protection respiratoire auraient besoin d’une humidité relative entre 40 et 60 % ; en dessous et au-delà, les modes de défense observées chez l’homme seraient plus faibles et les pathogènes présenteraient un potentiel infectieux plus élevé.

Ces études, présentées à la « Conférence sur les environnements bâtis, naturels et sociaux : impacts sur les expositions, la santé et le bien-être » (Kaunas, Lituanie, août 2019), nous démontrent l’importance de la richesse, de la diversité et de l’équilibre des écosystèmes et de leur rôle dans le développement du système immunitaire. Les notions d’hygiène, telles qu’elles nous sont présentées et médiatisées aujourd’hui sous la forme d’une lutte incessante contre les bactéries de notre quotidien, devraient être revues. Nos meilleurs alliés contre les pathogènes sont leurs compétiteurs non dangereux de la flore environnementale. Le nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2, s’est aujourd’hui invité dans nos environnements intérieurs où il contamine objets, surfaces et linge, de quelques heures à quelques jours selon le type de support, l’humidité résiduelle, la température, la quantité de liquide biologique et la concentration virale initiale. Les mains en touchant les surfaces contaminées puis le visage en sont alors un des vecteurs principaux de transmission.

Le simple nettoyage des surfaces réduit de manière équivalente micro-organismes pathogènes et environnementaux, alors que la désinfection, en voulant s’attaquer aux pathogènes, crée un déséquilibre microbien. Des environnements peu riches en micro-organismes ne conviennent que dans des cas spécifiques hospitaliers tels que les salles d’isolement, les secteurs opératoires, etc. Ces informations devraient être données à nos patients allergiques pour mieux protéger leur environnement microbien.

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