De nombreux auteurs ont caractérisé les temps que nous vivons de crise systémique. Même si le mot de crise est éminemment discutable – dans la mesure où la crise suggère, une fois qu’elle est dénouée, un retour à la situation ex ante, ce qui n’est vraiment pas le cas – la problématique est juste. En effet, nous subissons un dérèglement climatique majeur, une crise énergétique, une remise en cause du vivant sur terre du fait de la sixième extinction des espèces, le dépassement de six des neuf limites planétaires, une crise sanitaire qui n’en finit pas et qui se traduit par des pathologies adjacentes au covid ; et comme si cela ne suffisait pas, le système démocratique est violemment interpellé de l’intérieur par les démocraties illibérales et la montée massive des populismes, et de l’extérieur par les régimes totalitaires ; enfin, la guerre a réapparu sur le territoire européen avec des conséquences que l’on peut pas encore mesurer. Ce n’est pas un hasard si tous ces dérèglements se produisent simultanément car c’est en réalité notre modèle de développement, les inégalités qu’il génère, les dégâts irréversibles qu’il crée qui est en cause.
Certains auraient pu penser que nos vieilles démocraties, et en particulier la nôtre, attachée au service public, dans laquelle l’État a précédé la Nation et dont le système redistributif est un des moins inégalitaires, serait particulièrement armé pour faire face. Il n’en est rien et 30 ans de politique où la comptabilité, la politique du chiffre ont remplacé la stratégie, la vision à moyen long terme, une gestion humaine par des personnes compétentes dans le domaine considéré et non par des technocrates interchangeables, ont eu raison de nos services publics. Que l’on prenne l’éducation, , la police, la justice et bien sûr la santé, le constat est le même. Un échec cuisant qui fait douter nos concitoyens de toute idée de progrès et les interroge sur le point de savoir si nous ne sommes pas devenu un pays en voie de sous-développement.
Le domaine de la santé est particulièrement illustratif à la fois des très graves difficultés auxquelles nous sommes confrontés et des solutions qui pourraient être mises en place. Entre les déserts médicaux, le manque de médecins spécialistes et généralistes à l’échelle de la France, la situation catastrophique des hôpitaux, la situation dans laquelle nous nous sommes trouvés au début du covid sans masque, sans tenue pour les hospitaliers, avec un manque criant de médicaments qui venaient de Chine, l’incapacité de Sanofi de produire un vaccin, il n’est pas un domaine qui échappe à la difficulté. Pour autant, en matière de santé comme dans les autres domaines, il existe des solutions mais ces solutions sont à une échelle systématique et pourraient notamment s’inspirer de ce qui suit :
N’appartenant pas au personnel médical, je mesure les réactions que ce type de propositions peut provoquer. Néanmoins, la question de la santé publique comme celle de la justice de la police de l’éducation ne sont pas des questions qui appartiennent simplement aux professionnels de ces secteurs. Elles appartiennent à la Nation dans son ensemble et il est plus que temps que ce qui nous fait vivre ensemble, que les besoins premiers qui sont les nôtres en dehors de notre alimentation et de notre habitation, redeviennent des priorités et se transforment, en abandonnant l’idéologie néolibérale qui a détruit nos services publics , pour s’adapter aux urgences d’aujourd’hui.