Nous ne cessons de répéter à nos patients que
le traitement de base de l’allergie, avant toute intervention thérapeutique médicamenteuse et l’éviction allergénique.
Eviter, c’est éviter de rencontrer son allergène ou prendre des mesures pour diminuer la présence de son allergène dans l’environnement.
Pour les acariens, c’est réalisable et
nous en avons beaucoup parlé en ces lignes : il s’agit d’aérer son domicile, de laver, aspirer, dépoussiérer les surfaces, le laver les draps à 60 ° …
Pour les animaux de compagnie, cela peut être simple : il suffit d’en éviter le contact.
Ou pas tant que cela ! Pour ceux qui
deviennent allergiques alors qu’ils ont un animal depuis plusieurs années
sont si réactifs que le simple fait de se trouver près d’une personne qui a un animal voire simplement de l’un de ses vêtements va déclencher les symptômes.
dont l’allergie a un tel impact sur la vie sociale qu’ils évitent le domicile de certaines de leurs relations, à cause de cela.
Pour
les moisissures intérieures, cela est moins simple également. Si le nettoyage au javel fait disparaitre pour un temps les traces de moisissures, leur présence signe une anomalie dans la structure du bâtiment : défaut de ventilation, infiltration d’eau par le haut ou par le bas, défaut d’étanchéité des murs… , anomalie pas toujours facile à diagnostiquer. Avec des solutions parfois couteuses.
Et pour
les pollens.
L’éviction des pollens est la plus complexe. Nous n’allons pas empêcher la végétation de polliniser.
L’éviction se déclinera à 2 niveaux :
Celui de la protection individuelle :
A l’heure des balades en forêt ou dans les parcs, du plaisir des activités de plein air, certains de nos patients très atteints n’ont d’autres solutions que de rester enfermer. A ceux-ci, bien entendu, il est grand temps de proposer d’autres solutions, cette fois médicamenteuses, qu’il s’agisse des traitements symptomatiques ou de la très efficace immunothérapie allergénique (autrement appelée désensibilisation).
Dans une moindre extrémité, des mesures d’éviction plus acceptables aideront les moins atteints de nos patients : Porter un masque et des lunettes lors des sorties, ne pas sécher le linge dehors, en particulier les draps (le pollen se dépose sur le linge humide), se rincer les cheveux chaque soir, aérer son domicile tôt le matin, quand la pollinisation n’est pas à son maximum.
Mais d’autres solutions existent bien en amont :
Tant au niveau des espaces communs que dans nos jardin, on insiste sur l’importance
de bien choisir ses plantations.
Bien choisir, c’est d’abord diversifier.
Nombre d’espèces allergisantes , voire très allergisantes sont plantée massivement pour leur résistance, pour la rapidité de leur pousse ou pour leurs qualités réelles ou supposées.
Arbre emblématique des paysages méditerranéens, lorsqu’il pose isolée son élégante silhouette élancée en haut d’une colline, le cyprès est de plus en plus planté en haies le long des habitations du fait de sa pousse rapide et pour son effet coupe-vent et brise vue.
Le bouleau avec son superbe tronc blanc, pour sa variété betula alba, et ses petites feuilles vert clair est un arbre d’ornement à croissance rapide et peu exigeant sur la nature du sol a été lui aussi massivement planté.
Les graminées, au fort potentiel allergisant, sont elles aussi de la fête dans les choix ornementaux de nos villes et de nos jardins. Qu’il s’agisse d’espèces cultivées pour leur potentiels décoratif ou de pelouses « sauvages » sans lesquelles nous laissons volontairement se développer les espèces naturelles.
Les végétaux qui posent problèmes à nos allergiques sont des espèces anémophiles, dont les pollens, gamètes mâles dont dispersés par le vent. L’objectif de toute espèce est la reproduction. Et pour l’optimiser, la végétation n’est pas avare de ses pollens.
Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) a pris en main le sujet de longue date, en classant les végétaux en fonction de leur potentiel allergisant (
https://www.pollens.fr/le-reseau/les-pollens
). Dans son « Guide de la végétation en ville », téléchargeable sur la page donnée en référence, le réseau propose des fiches détaillées par espèce, en vue de proposer des alternatives à la plantation d’espèces allergisantes, en fonction des qualités souhaitées de la plantation.
Car il existe des
espèces peu allergisantes et à potentiel décoratifs :
érables, marronniers, châtaigniers, les charmes houblon (une espèce de bétulacée peu allergisante), les ormes, les thuyas, cupressacée peu allergisant qui peut avantageusement remplacer les cyprès.
Le RNSA conseille, pour diminuer le risque d’allergies
de varier les plantations en diversifiant les essences, y compris dans les haies, ce qui permet de diminuer la concentration de pollen allergisant pour chaque espèce et contribue à la variété du paysage. Des espèces allergisantes peuvent même y être intégrées si elles ne sont pas trop concentrées. L’émission des pollens sera évitée par une
taille avant période de pollinisation.
Avec ou sans plantes aux pollens allergisants, les possibilités restent infinies.
Pourquoi pas aussi installer des jardins zens, construits de minéraux, de bassins semés de nénuphars et de plantes aquatiques, de bambous et d’arbrisseaux taillés.
Nous pouvons donc tant dans nos jardins que dans nos villes et dans nos espaces de naturels, chacun à notre niveau, contribuer par nos choix à réduire le nombre et la sévérité de certaines allergies polliniques.