Mes premiers mots sont des mots d’excuses pour ceux qui me lisent et qui se disent sans doute que je manque d’imagination pour traiter pour le troisième mois consécutif le même sujet. Mais, il se trouve que deux événements d’actualité m’y conduisent.
D’abord, la France vient se faire une fois encore rappeler à l’ordre par la commission européenne pour ne pas respecter les normes de pollution atmosphérique. Ce n’est pas un scoop ni une nouveauté mais cela montre le degré d’indifférence, pour ne pas dire d’inertie, voire de « j’menfoutisme » avec lequel l’État français traite le sujet.
Cela tranche avec la position prise par le parlement britannique qui vient de demander que l’amélioration de la qualité de l’air devienne une priorité nationale. Un article publié dans le Guardian le 30 mai 2020 souligne l’évidence croissante du lien entre l’exposition à la pollution de l’air et les décès liés au covid 19. Un rapport présenté au Parlement par un groupe parlementaire multi partis consacré à la pollution de l’air propose une série d’actions incluant le télétravail , la réduction du brûlage du bois et du charbon dans les habitations ainsi que la diminution de la circulation. Il souligne que certains groupes ethniques et sociaux pourraient avoir été plus affectés que d’autres par le virus et notamment ceux qui utilisent les transports publics et leurs automobiles pour aller travailler. Le professeur Jonathan Grigg de l’université Queen Mary de Londres établit un lien entre la croissance de la pollution de l’air et la vulnérabilité au covid 19 et demande que la prévention contre une reprise d’une circulation automobile massive sur les routes soit organisée comme étant une partie de la politique de lutte contre le covid 19. Un nouveau laboratoire est mis en place consacré à la recherche sur la corrélation entre l’exposition à court terme aux particules de pollution venant du trafic et le nombre de récepteurs de coronavirus entrés dans le corps des individus. L’objectif est de conforter cette conclusion, déjà établie par le rapport de Harvard (cité dans la précédente chronique) qui met en évidence le fait que la pollution de l’air combinée avec le covid 19 renforce la dangerosité et que la pollution de l’air pourrait expliquer les différences de mortalité du covid 19 entre différents groupes ethniques et sociaux.
Le professeur Alastair Lewis, de l’université de York, président du groupe sur la qualité de l’air qui conseille le gouvernement britannique invite à tirer les conséquences de la baisse drastique de la pollution de l’air lié au trafic pendant le confinement pour mettre en place de nouvelles politiques de transport.
Force est de constater que les autorités politiques françaises ignorent ces débats même si, pour la première fois, de réels investissements en faveur du vélo sont prévus au niveau de l’État tout en rappelant que certaines municipalités ont parfaitement pris la mesure du sujet et ont depuis longtemps favorisé le développement du vélo les transports doux en agglomération. Mais, le plan d’aide à Renault de manière plus générale le déblocage de milliards d’euros en faveur de l’industrie automobile, certes très malmenée par la crise, qui va permettre de favoriser la vente de véhicules diesel et essence n’est certainement pas un bon signal de prise de conscience de la gravité des conséquences de la pollution atmosphérique.