La question de la pollution de l’air est manifestement devenue très secondaire au cours des semaines écoulées. Et pourtant, avec les épisodes climatiques nous avons connus et avec la guerre en Ukraine, la question de la pollution de l’air est interpellée. D’une part, les graves incendies que nous avons connus tout au long de l’été ont conduit à l’ émanation de particules fines rendant l’air irrespirable en particulier pour les asthmatiques et les personnes souffrant de pathologies pulmonaires. Des fumées grises et noires se sont répandues sur une grande partie de la Gironde, à des dizaines de kilomètres des lieux d’incendie. La chaleur et la sécheresse modifient par ailleurs de manière générale les conditions de vie et nous attendons tous les études qui permettront d’avoir une connaissance plus fine des effets croisés de la sécheresse et de la qualité de l’air.
La guerre en Ukraine a également des conséquences importantes sur le plan de la politique de l’énergie avec sur le plan le recours à nouveau au charbon dont donc les conséquences en termes de pollution de l’air sont probablement considérables indépendamment des conséquences climatiques indépendamment des conséquences climatiques. Et on n’ose imaginer ce que serait un accident grave à la centrale nucléaire de Zaporiija.
Tous ces sujets sont passés sous le boisseau alors même que la commission européenne vient d’épingler sérieusement la France pour son insuffisance dans de nombreuses politiques communautaires environnementales et en particulier en ce qui concerne la pollution de l’air.
Le rapport vise notamment particules fines et les dioxydes d’azote et de manière générale le fait que les objectifs ne sont pas atteints circonstance aggravante, malgré la mise en œuvre de quelques politiques qui se révèlent donc notoirement insuffisantes.
Le sujet de la pollution de l’air est également revenu dans l’actualité cet été par la publication d’un certain nombre d’études mettant en lumière un élément déjà connu- et dont je m’étais faite l’écho à plusieurs reprises dans des articles précédents- celui de l’impact de la pollution de l’air sur la morbidité liée au covid. En effet, une étude parue début août 20 22 dans Science of the total Environment estime que la pollution de l’air augmente la mortalité des vagues de covid 19 ; ce sont les villes les plus polluées qui ont la mortalité la plus élevée ; en particulier lorsque le niveau d’exposition aux particules fine atteint les 45 µg par mètre cube, la mortalité du covid 19 est multipliée par 5 ; la mortalité augmenterait ensuite de 10 % par microgramme de PM2 ,5 par mètre cube supplémentaire.
Cette étude montre combien il est indispensable d’intégrer la question de la pollution de l’air dans la gestion de la pandémie.
Plus généralement, elle ajoute une brique supplémentaire à la construction d’une véritable politique de réduction de la pollution atmosphérique qui doit être non seulement intégrée mais priorisée dans les autres politiques qu’il s’agisse des politiques sanitaires ou des politiques climatiques. Pour l’oublier, ces politiques non seulement créeront un angle noir majeur mais de surcroît verront leur efficacité réduite.