L’allergie peut commencer dès les premières semaines de vie et évoluer tout au long de la vie du patient. Tout n’est pas prévisible, et semble lié à la fois à l‘environnement, la génétique, l’alimentation, les infections ; C’est pourquoi il est important de la prendre en charge le plus tôt possible quand le diagnostic est posé, et de réévaluer à l’aide d’un suivi régulier.
L’allergie se modifie avec le temps
En fonction de son âge un patient est exposé et donc sensible à des allergènes différents. Chez le jeune enfant, les signes évocateurs d’une allergie sont principalement l’eczéma et les problèmes digestifs. 30% des jeunes enfants avec un eczéma modéré à sévère ont une allergie sous-jacente, qui est en général d’origine alimentaire. Ces enfants et leurs parents peuvent perdre jusqu’à 2 heures de sommeil par nuit, d’où la nécessité de diagnostiquer l’allergie afin d’améliorer leur qualité de vie.
Chez l’enfant un peu plus âgé les symptômes observés sont plutôt ceux de l’asthme et de la rhinite. Les enfants souffrant d’allergies alimentaires ont 2 à 4 fois plus de risques de développer ultérieurement un asthme ou des allergies respiratoires.
Dans les deux cas les allergènes les plus souvent en cause sont le lait de vache, l’œuf et l’arachide. Peuvent s’y ajouter les fruits à coque tels que la noix, la noisette, les amandes, la noix de cajou et la noix de pécan, ainsi que le soja, le blé, les crustacés et le poisson.
Le mois de septembre, avec le retour des vacances et la rentrée scolaire, est une période à risque pour les enfants allergiques.
Le changement d’environnement auquel ils doivent faire face est le principal facteur de recrudescence de leurs symptômes. Le dépôt des polluants tels que les oxydes d’azote, le dioxyde de souffre et les hydrocarbures, dans les voies respiratoires est à l’origine d’une inflammation et d’une sensibilisation aux aéroallergènes.
Cette sensibilisation provoque notamment une exacerbation de l’asthme. En 2015, l’Institut de Veille Sanitaire a d’ailleurs mis en évidence un pic de 2 semaines après la rentrée scolaire pendant lequel le nombre de passages aux urgences à cause de l’asthme augmente.
Evolution de la proportion de passages aux urgences pour asthme :
L’allergie est impliquée chez la majorité des patients asthmatiques. 90% des enfants asthmatiques souffrent d’allergies. Et l’asthme est le premier motif d’absentéisme scolaire. Les jeunes souffrants d’asthme manquent en général l’école 1,5 à 3 fois plus souvent que leurs camarades. La rupture avec les vacances d’été est importante, car peut donner des signes d’orientation sur la cause des allergies de jeunes patients ;
Pendant les vacances, les enfants allergiques ont été éloignés de leur domicile et de leur école, qui sont des lieux riches en polluants.
Les adolescents et les adultes sont quant à eux plus sensibles aux aéro-allergènes. Les pollens, les chats, les acariens et les moisissures notamment, provoquent des problèmes d’asthme et des rhino-conjonctivites allergiques.
La “marche allergique” ou “histoire naturelle de l’allergie”
Ces deux expressions sont souvent utilisées pour décrire la succession de maladies allergiques depuis l’enfance. Au cours d’une marche allergique classique, la sensibilisation et les symptômes visibles apparaissent à des tranches d’âge typiques.
Par exemple les allergènes alimentaires sont plus fréquemment en cause chez les enfants alors que les aéro-allergènes le sont plus chez les adultes.
De plus, certaines allergies tendent à diminuer avec l’âge alors que d’autres persistent.
80% des enfants perdent leur allergie au lait, à l’œuf, au soja ou au blé mais elles peuvent être remplacées par de nouvelles allergies, pas toujours alimentaires, mais peuvent se transformer en allergies respiratoires, voire en asthme.
Au cours de sa vie, un patient peut donc réagir à différents déclencheurs et avoir des symptômes variés.
La nécessité d’un suivi régulier
Selon le Pr Scheinmann “l’histoire naturelle de l’allergie est un véritable puzzle”. En effet, elle est en constante évolution ce qui signifie qu’un test sanguin réalisé à un moment donné ne reflète l’état de cette maladie qu’à ce moment précis. Il est donc important de suivre l’allergie de manière régulière.
Ce suivi régulier aide à déterminer si de nouvelles allergies se sont développées, si un nouveau bilan réalisé par un allergologue est nécessaire ou si le patient a guéri de son allergie. Savoir cela permet de décider de l’éviction de nouveaux allergènes, de la mise en place d’un nouveau traitement.
Le PAI ou Projet d’Accueil Individualisé
La rentrée scolaire doit être anticipée parce qu’elle comporte de nombreux risques pour les enfants allergiques.
Le PAI leur permet de suivre leur scolarité tout en bénéficiant de leur traitement ou d’un régime alimentaire adapté. Il est réactualisé chaque année, ou en cours d’année, en fonction de l’évolution de leur allergie.
Sa demande est faite par la famille et est rédigée par le médecin scolaire en collaboration avec le médecin généraliste ou le spécialiste. Elle doit être adressée au responsable de l’établissement scolaire.
Le PAI peut s’accompagner d’une trousse de secours comprenant un antihistaminique, de la ventoline ou de l’adrénaline suivant la nature et la sévérité́ des symptômes.
Entre 2005 et 2015, 56 accidents alimentaires en milieu scolaire ont été́ déclarés chez des enfants âgés de 3 à 16 ans. Ces accidents peuvent avoir lieu à la cantine. Mais ils surviennent aussi en cours de récréation ou lors de goûters d’anniversaire parce que les enfants n’ont alors pas conscience d’être exposés aux allergènes.
Docteur Françoise Leprince, Expert en allergologie, Comité de rédaction de l’ARCAA