Harmonia axyridis ( Asian lady bug) :
Une méthode pour l’horticulture biologique, un danger potentiel pour la population
Les coccinelles (de coccinus : écarlate) appartiennent à la famille des Coccinellidae. Communément dénommées « bêtes à Bon Dieu », elles se nourrissent surtout de pucerons et constituent le meilleur insecticide naturel. Dans les pays tempérés d’Europe, les coccinelles sont de petite taille, mesurant de 0,1 mm à 1,5 cm (1). L’espèce autochtone la plus commune est Coccinella septempuncta, de couleur rouge avec 7 points noirs sur les élytres. Il en existe aussi à 2,5, 10, 14,22 et 24 points .
Si, globalement, les coccinelles se nourrissent surtout de pucerons et de cochenilles, chaque espèce possède un régime alimentaire spécifique qui permet de les classer :
Les jardineries spécialisées vendent des larves de coccinelles pour lutter biologiquement contre les pucerons, il faut 20 à 50 larves par m2 de végétation ;
■ Harmonia axyridis ou coccinelle asiatique (Asian lady beetle ou bug) est une espèce originaire de la chaîne de l’Altaï (Sibérie) et de Chine. Elle est qualifiée de multicolore en raison des nombreuses variétés de formes et du grand nombre de taches présentes sur son pronotum et ses élytres. Par rapport aux coccinelles autochtones, elle est plus volumineuse (4,9 à 8,2 mm de long pour 4 à 6,6 mm de large) et beaucoup plus vorace. C’est pour la lutte biologique contre les pucerons qu’elle a été importée en Amérique du Nord dès 1916. Ses populations ont été détectées dès 1988 dans la majeure partie des États-Unis (exception faite du Montana, du Wyoming et du sud-ouest du pays), ainsi qu’au Mexique et en Amérique du Sud.
Elle a aussi été introduite en Belgique où elle est apparue dans les environs de Gand, en septembre 2001, pour se répandre avec une grande vitesse. Signalée en France près de la frontière belge en 2004, elle a essaimé dans la moitié nord (sauf la Bretagne) et dans le sillon rhodanien. Son emploi dans la lutte biologique au cours des activités agricoles et du jardinage a été considéré comme naturel, cette « lutte biologique » permettant théoriquement d’éviter les insecticides. Aux États-Unis, H. dxyridis a été (ou est) utilisée pour contrôler la culture des noix de pécan, des citrons, du soja, du blé, de la luzerne, du coton, du tabac.
■L’utilisation de H. axyridis pose actuellement des questions pour les écosystèmes, l’environnement humain et la santé de l’homme car des accidents allergiques ont été rapportés.
■H. axyridis entre en compétition avec les espèces indigènes dont elle réduit les populations autochtones en les privant de nourriture, en se nourrissant de leurs larves et en les rendant plus sensibles aux infections mycosiques.
■ H. axyridis exerce des nuisances dans les habitations. En effet, au cours de l’hiver, elle colonise les maisons et les immeubles par agrégats de plusieurs centaines ou milliers d’individus pour lutter contre les prédateurs par l’importance de la masse colorée, contrairement à la plupart des espèces locales indigènes qui ne s’agrègent pas, sauf Adalia bipunctata. La gêne occasionnée par H. axyridis est liée à leur nombre, au vol des essaims, aux substances malodorantes qu’elles émettent, aux mesures que leur conduit à prendre. Des substances comme les pyréthroïdes, le camphre et le menthol sont parfois utilisées comme répulsifs extérieurs pour éviter qu’elles ne pénètrent dans les habitations.
■ Le risque allergique était sous-estimé jusqu’à présent.. Mais, depuis les deux premiers cas publiés par Yarbrough , une cinquantaine d’observations de cas individuels ou de séries a été publiée.
■ Les deux cas de Yarbrough , rapportés en Virginie, concernaient un homme de 48 ans et une femme de 56 ans, atopiques, dont l’environnement était infesté par H. axyridis. Leurs symptômes de rhinoconjonctivite coïncidaient avec l’agrégation des coccinelles dans leurs maisons. Des IgE dirigées contre deux protéines allergéniques de H. axyridis ont été détectées, l’une de 16,6 kDa (présente chez les deux patients) et une autre de 30 kDa (présente uniquement chez le second).
■ En 2004, Ray et Pence, rapportant un nouveau cas de Louisville (Kentucky), effectuent une revue de la littérature à l’issue de laquelle ils concluent qu’il faut ajouter H. axyridis à la liste des allergènes à tester systématiquement^aux Etats-Unis.
■En 2006, Davis rapporte les deux premiers cas survenus chez des enfants d’âge préscolaire dans l’état du Missouri. Ils avaient développé des angio-oedèmes faciaux sévères, sans symptômes respiratoires, après avoir été en contact avec des coccinelles asiatiques à l’intérieur et à l’extérieur de leurs maisons. Les prick-tests avec des extraits d’H. axyridis étaient positifs.
■ À partir de 2006, le nombre de cas et de publications se multiplie.
■ L’étude de Goetz nous enseigne que H. axyridis est responsable de 8 % des rhinoconjonctivites, de 2 % des asthmes et de 1 % des urticaires. Il existe des réactions croisées avec la blatte qui peuvent fausser les dosages d’IgE sériques anti-H. axyridis OA). Les deux principaux allergènes de H. axyridis (16,6 kDa et 30 kDa) ont été clonés et séquencés.
Docteur Françoise Leprince, Expert en allergologie, Comité de rédaction de l’ARCAA
■ Références
JN, Penc» HI