Les allergies aux pollens sont surtout connues pour sévir au moment du printemps c’est à dire vers le mois d’avril ou mai.
Mais il faut aussi penser à ces allergies plus précoces qui peuvent atteindre les allergiques dès le mois de janvier. Ceci est surtout frai dans le sud de la France où les pollens de cyprès font leur apparition, parfois même en décembre, selon la météorologie. Cette saison ils sont déjà retrouvés dans les comptes polliniques depuis plusieurs semaines et entraînent des rhinites, conjonctivites et asthme pour certains patients, et cette invasion de pollens de cyprès va durer encore au moins 3 mois.
Les cyprès sont retrouvés partout en France, mais la zone d’émission des pollens se situe sur le pourtour méditerranéen, là où ils ont été plantés en grand nombre essentiellement en haie brise-vent et comme arbres décoratifs. Cette augmentation du nombre d’arbres de la même espèce est une des causes de l’augmentation des allergies.
En effet les quantités de pollens émis sont proportionnelles au nombre des arbres et le vent, assez présent dans cette région, en assure la diffusion.
Le cyprès fait partie de la famille des cupressacées, il est né en Asie mais on le retrouve sur presque tous les continents. En France, ce symbole des paysages méditerranéens, comme en Italie ou en Espagne, est surtout représenté par le « cupressus sempervirens », c’est à dire toujours vert.
D’autres arbres commencent leur pollinisation très tôt dans la saison, ce sont les arbres de la famille des bétulacées dont le bouleau est le chef de file et le plus allergisant, mais également les aulnes, les charmes et les noisetiers. Ce sont des arbres à chatons ou cônes qui pollinisent surtout dans les régions froides, de par son origine nordique et il est moins allergisant dans le sud de la France que dans le nord, l’est ou le centre. Même si les chatons sont visibles très tôt, parfois également en décembre pour les aulnes, le bouleau atteint sa pleine période de pollinisation fin février et jusqu’en avril.
Ces pollens sont également présents en grande quantité : en effet les bouleaux sont des arbres d’ornement, bon marché, qui poussent vite et dont le feuillage et l’écorce sont appréciés. Après la tempête de 1999, qui a en partie dévasté les forêts du centre et du bassin parisien, des milliers de bouleaux ont été plantés et cela a certainement contribué à l’augmentation des allergiques à ces pollens.
Les protéines allergènes présentes dans le pollen de bouleau, se retrouvent dans les arbres de la même famille, mais également dans le pollen de frêne, de chêne et de hêtre, ce qui complique parfois le diagnostic, quand les tests sont positifs à plusieurs pollens chez un même patient.
Les calendriers polliniques sont une aide précieuse, de même que des examens biologiques, mais les conditions climatiques ayant une influence majeure sur la pollinisation et la dispersion des pollens, chaque année voit des variations.
Depuis plusieurs années nous assistons à des modifications tant de la durée de la pollinisation avec plusieurs jours voire semaines de plus, qu’en quantités de pollens émises, qu’en potentiel allergisant de ces pollens.
Les raisons sont multiples mais le réchauffement climatique et les hivers extrêmement doux sont certainement des facteurs qui ont participé à ces phénomènes. Quant à la pollution extérieure en particulier aux particules fines et extra-fines, elle augmente la réactivité des muqueuses respiratoires et fait éclater les grains de pollens permettant la libération des protéines allergènes dans l’air.
Mais les arbres ont aussi un effet bénéfique pour filtrer cette même pollution, limiter l’effet de serre, donc participer à la lutte contre le réchauffement climatique.
La solution réside probablement en une meilleure gestion des espaces verts urbains, en multipliant les variétés plantées, et en évitant les arbres les plus allergisants, comme le cyprès et le bouleau.
Dr. Isabelle Bossé, Présidente de l’ARCAA