Blog collège Seiqa

Les allergies aux montures de lunettes !

publié le 05/02/2019 | par arcaa

L’ALLERGOLOGUE est aussi un meneur d’enquête !
Mille questions pourront être posées en consultation ;
Toutes très précises, mais dans un but bien spécial,
Trouver le responsable des ennuis en cas de réaction anormale

 

Les lunettes sont un instrument permettant de pallier des troubles de la vue. Une paire de lunettes est constituée d’une monture sur laquelle sont fixés des verres correcteurs,  reposant sur le nez par deux supports et sur les oreilles par deux branches (80 % du poids des lunettes reposant sur le nez).

Les branches, posées sur les oreilles, assurent la stabilité des lunettes : équipées de charnières pour être repliées, elles sont munies à leur extrémité d’un embout ou manchon formant le crochet (partie recourbée et flexible) destiné à protéger la peau derrière l’oreille.

La monture peut être faite de divers matériaux : acier, alliage de type maillechort ou cupro-nickel, plastique ou matériau naturel de type corne, écaille, bois, acétate, résine, fibre de carbone, titane, acier inoxydable, et aussi Optyl ® (résine hypoallergénique), ou polyamide.

Les montures de lunettes en métal sont souvent constituées d’autres matériaux comme l’aluminium, le cobalt ou le nickel. Attention car il peut y avoir des allergies aux métaux. Si c’est le cas, après vérification des tests, il faudra  essayer les options hypoallergéniques telles que le titane ou l’acier inoxydable.

Il existe trois types de montage des verres :

  • monture classique ou « cerclée » : le cercle entoure totalement le verre ;
  • monture Nylor : le cercle n’entoure pas totalement le verre, qui est retenu par un fil de nylon très solide sur une partie du verre ;
  • lunettes percées dites « sans monture » : les branches et le pont sont    reliés aux verres par un système de perçage.

Des options comme des verres durcis, amincis, traitement des verres antireflet, antisalissure, antibuée, ou le développement de nouveaux produits  (lunettes pour enfants) font que le marché de l’optique peut aussi être source de nouvelles réactions indésirables dont l’allergie fait partie.

Les verres ont différentes compositions :

  • minéraux, ils sont fabriqués à partir de la silice et de très bonne qualité mais ils sont lourds, et peuvent casser ;
  • organiques, c’est un polymère thermodur, le poly (diéthylène glycol bisallylcarbonate), les traitements anti reflets et vernis durcisseurs sont exceptionnellement responsables de réactions allergiques comme les traitements anti UV, les traitements anti salissures, mais il faut garder à l’esprit que la proximité des paupières est extrême.

Plusieurs sortes de verres organiques sont fabriquées, avec des indications diverses ; il faudra retenir le Polycarbonate de bisphénol A, le Trivex, et d’autres.

Le nettoyage des verres

Le rinçage à l’eau sans toucher les verres retire les particules. La mise de quelques gouttes de produit nettoyant entre le pouce et l’index d’une main permet d’appliquer sur les verres mouillés le produit sans crissement. Le rinçage à l’eau du produit puis le soufflage qui retire les gouttes d’eau permettent la propreté sans aucune rayure.

Le nettoyage avec toutes les sortes de tissu sont à l’origine des rayures à cause des frottements. Les produits utilisés dans les lingettes ou les sprays sont aussi de gros pourvoyeurs d’allergies de contact ;

 

Une allergie ?

Des yeux qui brûlent ou qui rougissent, des picotements ? Il existe  une sensation de démangeaison oculaire qui  oblige à cligner des yeux ou à se  gratter ? Cela pourrait être  dû à une allergie.

Les allergies aux montures de lunettes peuvent se manifester le plus souvent au niveau des branches (près des oreilles), soit au niveau des joues, soit encore sur le nez. Quoiqu’il en soit, c’est bien souvent à l’endroit où la monture touche la peau. Pour les limiter, il vaut mieux choisir des matériaux anti-allergéniques comme le titane ou le béta-titane, ou encore une monture en plastique.

Le diagnostic

Il sera difficile d’affirmer qu’il s’agit vraiment d’une allergie oculaire tant qu’il n’y a pas de diagnostic médical car les mêmes symptômes peuvent apparaitre en cas de conjonctivite ou d’un autre problème à l’œil. En attendant d’aller voir un  ophtalmo, un allergologue, et éventuellement de faire des examens médicaux complémentaires et des tests, il est possible d’essayer de réduire le port de lunettes afin de vérifier si les désagréments sont bien liés à celui-ci.

Une fois le diagnostic établi, le médecin peut être amené à  faire changer de monture ou à prescrire des médicaments : antidégranulants mastocytaires, antihistaminiques, sérum physiologique ou larmes artificielles,…Tous ces médicaments vont atténuer les symptômes mais ne guérissent pas de l’allergie. Il sera peut être alors nécessaire de faire des tests  avec un allergologue, mais ce processus peut être relativement long.

 

De quels matériaux sont fait vos montures de lunettes ?

– Le nickel
L’allergie au sulfate de nickel est très courante puisqu’elle touche presque 10% des porteurs de lunettes. Dans ce cas les lunettes provoquent des démangeaisons aux yeux, parfois diffuses.

– Le titane
Le titane, en tant que matériau dit biocompatible, est particulièrement bien toléré par la peau et les montures en titane sont donc particulièrement recommandées en cas de sensibilité au nickel. On les dit « anallergiques »

Il existe toutefois de rares cas d’allergie (environ 0,6% des gens font des allergies au titane)

– Le plastique
Si vous souffrez d’allergie au plastique ou aux plastifiants, vous devez vérifier que votre monture n’est pas composée d’éléments plastiques tels que l’acétate de cellulose, le propionate ou le PVC.

À noter : il existe aussi la dermatite de contact irritative. Elle est plus fréquente et se caractérise par une inflammation de la peau, plus rarement de la conjonctive ; (il faudra parfois penser aux produits de maquillage et de démaquillages, tout comme le produit de rinçage des lentilles de contact).

– Une autre cause ?
Une réaction allergique ou un eczéma peut provenir de vos lunettes mais aussi d’autres causes auxquelles on ne pense pas toujours : Avez-vous changé de nettoyant pour vos verres (les produits de nettoyage contiennent souvent des hydrocarbures volatiles), de parfum, de savon, ou de lotion pour le visage ?

Il existe heureusement des montures anallergiques. En effet les montures en matériaux nobles et de fabrications artisanales, tels l’écaille, la corne, le bois, l’acétate de cellulose organique ou issus de technologies d’alliages modernes, tels le magnésium, le titane ou l’acier chirurgical, sont hypoallergiques réduisant considérablement les risques de réactions de contact.

 

Et les verres ?

Les matériaux utilisés

Les lunettes peuvent se composer de plusieurs matières.

– La plus classique est le verre minéral à base de sable et de divers éléments chimiques. Ce matériau offre l’avantage de bien résister aux rayures, mais possède l’inconvénient d’être cassable et relativement lourd.

– C’est pourquoi on utilise aussi des verres plastiques se composant de résines chimiques polymérisées. Ces derniers sont plus légers, résistent davantage aux chocs, et s’embuent moins. En revanche, ces verres plastiques sont plus sensibles aux rayures.

– Il existe aussi des verres plastiques en polycarbonate, qui possèdent la particularité d’être très résistants aux impacts et peuvent donc de ce fait être proposés aux personnes ayant besoin d’une protection oculaire importante : enfants, sportifs, mais ce matériau est assez mou et se raye très facilement.

Les traitements des verres

  • Pour des  verres amincis.
  • Pour des verres peuvent aussi être blancs ou teintés,
  • Pour  des verres photochromiques, qui se teintent à l’exposition à la lumière
  • Pour d’autres raisons, les verres peuvent bénéficier de différents traitements comme un traitement anti-ultraviolets, un traitement anti-rayures (verres plastiques), un traitement antireflets, un traitement hydrophobe pour favoriser l’écoulement des gouttes d’eau.

– Les traitements pour vos verres : antireflets, anti-rayures, antibuée et anti UV : Le traitement des verres peut améliorer leur performance et leur apparence.

Pour acheter de nouvelles lunettes, en cas de risques d’allergie, voici quelques informations sur les différents traitements qui peuvent être utiles :

– Traitement antireflet contient du cobalt : Le traitement antireflet est un traitement extrêmement fin appliqué sur les verres afin d’éliminer tous reflets à l’avant comme à l’arrière du verre.

Ce faisant, le traitement antireflet rend vos verres quasiment invisibles, et vos interlocuteurs peuvent ainsi se concentrer sur vos yeux sans se laisser distraire par un reflet dans vos lunettes.

– Traitement antibuée

Dans un climat froid, rien n’est plus frustrant qu’avoir les verres embués en  rentrant au chaud. C’est également un problème de sécurité, car il limite la vision tant que la buée n’est pas dissipée. La buée peut ainsi être dangereuse car risque de diminuer la vision.

Les différents  matériaux utilisés :
Peuvent être détectés par les tests faits par les allergologues

 

Les métaux

– Acier inoxydable

L’acier est un alliage de fer et de carbone, l’inox, un alliage de chrome et de nickel. L’acier inoxydable est un alliage de fer – carbone associé à du chrome et du nickel

L’acier inoxydable est encore assez peu utilisé en lunetterie (allié au chrome à hauteur de 16-18% et de nickel à hauteur de 12-15%)

– Aluminium
L’aluminium fait un retour en force dans la lunetterie car il est aussi résistant que le maillechort, avec, en plus, une extrême légèreté. C’est toutefois un matériau utilisé en alliages, lesquels ne permettent pas de souder l’aluminium. Pour assembler les pièces, les lunetiers s’y prennent mécaniquement en utilisant la visserie,…

On peut citer l’Alyum: un alliage d’aluminium, cuivre et magnésium.

– Alliage à mémoire de forme
On distingue deux grandes catégories : les cuivreux et les alliages titane-nickel, ces derniers étant réputés plus performants. Ils sont très résistants et plus souples que les plastiques.

– Béryllium
Métal fréquemment employé pour renforcer les alliages, il est léger et d’une grande dureté mais non résistant à la corrosion. `

– Bronze
Alliage de cuivre et d’étain, il est quelquefois utilisé dans la fabrication des branches pour son caractère résilient, présentant une grande résistance aux chocs.

– Cobalt
Très résistant, flexible et très dur, il convient à la fabrication des montures fines.

– Maillechort
Alliage de cuivre, de nickel et de zinc. De nombreuses variétés selon le pourcentage de chaque élément entrant dans sa composition.

80% des lunettes métal utilisent tout ou partie de ce matériau, économique

Il est très utilisé pour la fabrication des éléments usinés (charnières, tenons, serre-cercles,) ou matricés (branches, ponts, tenons).

– Métaux trempants
On trouve deux grandes familles : les alliages cuivre et béryllium ou cuivre, nickel et étain, ce dernier représentant la majorité des métaux trempants. Ils sont connus sous les noms de Nicaflor 1000 (cuivre, 10% nickel, 6% étain) Nibrodal (cuivre, 15% de nickel, 8% d’étain) , Niculan …

– Monel
Alliage de Nickel et de cuivre, avec une proportion de nickel de plus de 50% et des traces de fer et de manganèse.  Le monel est une forme de maillechort. Il est très utilisé dans la fabrication des ponts et des cercles des montures.

– Or
Connu pour sa durabilité et sa longévité, il est remarquablement résistant à la corrosion.  Les alliages accroissent sa résistance et limitent le coût de l’or. L’or massif ou fin : Une monture en or massif est entièrement constituée d’or, de finesse variable (de 10 à 24 carats) sans aucun autre métal de base sous-jacent.

– Les traitements d’or

  • Le doublé or : Sur un métal de base, maillechort par exemple, une couche d’or massif est déposée à haute température.
  • Le plaqué or : Sur une base métal (maillechort, monel ou bronze), est appliquée une couche épaisse par galvanoplastie de 0,5 à 4,0 microns d’or.
  • Certains fabricants associent l’or (4,2 microns d’épaisseur, titré à 22 carats) à du palladium, pour renforcer la résistance à la corrosion.
  • Le métal doré ou doré vernis : 0,25 à 0,5 de micron d’or recouvrent un métal de base. Sa fonction est purement esthétique.

– Titane

  • La star montante des matériaux.
  • Il est 20% plus flexible que les matériaux traditionnels.
  • Il est hautement résistant à la corrosion, biocompatible (physiologiquement neutre), donc très recommandé en atmosphère acide.
  • Il est aussi 48 % plus léger, à l’exception de l’aluminium, que les alliages courants de la lunetterie.

 

Les polymères (plastiques)

– Acétate de cellulose
L’acétate représente plus de 50% des montures plastiques du marché. Les coloris s’obtiennent par adjonction de pigments et/ou de colorants dans la pâte. On dit qu’ils sont « fondus/teintés dans la masse ». Pour conserver le brillant de la monture, on y dépose parfois un vernis (source d’allergies possibles)

– Propionate de cellulose
Très proche de l’acétate, il est utilisé plus généralement pour la fabrication de montures moulées par injection, mais est aussi découpé. Il est coloré dans la masse avant moulage grâce à des granulés colorés ou en surface, par dépôt de colorants puis recouvert de vernis brillant, mat ou soft, pour des touchés de grande qualité. Sa formulation est proche de l’acétate, ce qui offre le même rendu qualitatif. La tenue de coloration du propionate est excellente

– La finition

  • Les plastiques reçoivent un traitement organique (laques, peintures, encres, vernis) : les acétates sont polis et quelquefois vernis ; les polyamides sont décorés et vernis.
  • Les métaux, qui ne sont pas tous décoratifs à l’état brut, anallergiques et inoxydables, reçoivent un traitement galvanique à base de métal précieux.
  • Les vernis et les laques rehaussent un brillant ou une couleur, augmentent la résistance de la monture à la rayure et à l’agression des agents chimiques.

– Les copolyamides
On retrouve dans cette famille de polymères thermoplastiques ou polyamides, communément appelée « nylon », ces composants sont coulés (injectés).

– Kevlar
Matière industrielle exclusive à Dupont de Nemours, c’est un mélange dosé de fibre de nylon et de fibre d’aramide (nom commercial « kevlar ») utilisée pour accroître la résistance de la matière.  L’association de la fibre d’aramide et du nylon lui confère une souplesse qui permet des montages de verres à froid mais l’opticien, si nécessité, chauffe la monture jusqu’à une température de 70°.

– Composite de fibre de carbone
Composite plastique à fibres longues de carbone tressées, elle est utilisée généralement dans la fabrication de cercles pour accroître les propriétés mécaniques de la matière plastique.

– Optyl ou résine époxy
Résine époxyde moulée, 20% plus légère que l’acétate.  On lui incorpore de la soie imprimée, des fragments de métal,… pour obtenir de beaux effets.

 

Les matières naturelles

– Bois
Travaillé dans la masse ou en plaquage. En plaquage, des feuilles de bois précieux sont moulées et collées ensemble, le lamé collé permet des résultats fines qu’avec le bois travaillé dans la masse et d’obtenir une grande souplesse afin que la monture ne soit pas cassante et malgré tout résistante. Le bois est un matériau noble, de passion. Sont utilisés de l’ébène noire, du bois de rose,…

– Écaille
Précieuses, légères et raffinées, généralement fabriquées à la main, elles proviennent des carapaces des tortues de mer à partir de stocks existants car la convention de Washington interdit l’importation de l’écaille. Un matériau extrêmement rare en magasin

Conclusion

Les allergies aux montures des lunettes doivent être connues, les tests sont simples à réaliser, parfois même avec les montures directement apportées par les patients et

de réalisation facile si on ne possède pas tous les ingrédients cités ci dessus ; les tests se font sous la forme de patch-tests de contact, à lire 48h et 36h après la mise ne place ; un résultat positif permettra de reconnaître l’élément responsable et pourra indiquer la conduite à tenir pour éliminer le responsable.

Article rédigé par
Françoise Leprince
Médecin Allergologue

Archives