Le rapport qui vient d’être présenté sur la sixième extinction des espèces n’était évidemment pas–n’en déplaise au président de la république-le premier du genre. Néanmoins, il fait le point sur l’accélération de la disparition du vivant auquel nous appartenons. Et, il est évident que les causes de la destruction des espèces, qui sont plurifactorielles, recoupent pour une large part celles qui sont à l’origine des maladies environnementales. En effet, les pesticides dont la suspection est croissante dans le développement d’un certain nombre de pathologies sont également à l’origine de la disparition d’un certain nombre d’espèces et en particulier, des abeilles, des insectes probablement d’autres animaux. Mais ils ne sont pas les seuls et le vecteur de pathologies puis de disparition des espèces n’est pas seulement l’alimentation ou l’eau.
En effet, la prise en compte de la dimension pollution de l’air de ces phénomènes est généralement très mal connue, mais le rapport de l’IEPBS lie étroitement la pollution de l’air de l’eau et du sol. (Page 3) «. Le changement d’affectation des terres est principalement dû à l’agriculture, à la foresterie et à l’urbanisation qui sont toutes associées à la pollution de l’air, de l’eau et du sol. » Cette évidence constitue néanmoins une évolution importante pour la prise en considération de ce type de pollution. En effet, jusqu’à présent la question de la pollution de l’air a été principalement liée à celle de la santé humaine. Les débats souvent de très mauvaise foi sur les liens de causalité entre la pollution de l’air et les différentes pathologies ont permis aux pollueurs et malheureusement souvent à certains décideurs politiques de repousser les mesures à prendre en se contentant de démultiplier les études. De plus, la pollution de l’air est souvent présentée comme ayant uniquement une dimension locale, ce qui est partiellement inexact, mais il est clair que la problématique est très différente de celle du climat qui elle est planétaire. Avec le lien entre pollution de l’air et destruction de la biodiversité, la pollution de l’air prend une dimension beaucoup plus planétaire. Si en effet tel type de substances détruit seule ou en lien avec l’eau et la pollution des sols des espèces vivantes, le sujet est généralisable. Or, un certain nombre de produits chimiques notamment les pesticides se retrouvent dans l’air, les grandes villes subissent la pollution chimique venue de l’industrie mais également de l’agriculture. Les particules fines qui empoisonnent les poumons humains empoisonnent très probablement également les poumons des autres mammifères.
Ainsi, de même qu’il n’est plus possible de séparer climat, biodiversité et santé environnementale, qu’il faut traiter en liaison les uns avec les autres, de même la question de la pollution de l’air doit être traitée en lien avec les autres pollutions, ce qui bien entendu n’exclut pas des solutions spécifiques. C’est un fléau qui s’oppose à une vie saine des êtres vivants, qu’il s’agisse des humains ou des autres espèces vivantes. Il est essentiel de le reconnaître.
Corinne Lepage
Ancienne Ministre de l’Environnement
Huglo Lepage Avocats