La spiruline est un complément alimentaire produit industriellement à partir de cyanobactéries filamenteuses Arthrospira platensis et Arthrospira maxima, bactéries parfois appelées algues bleues, mais ce ne sont pas des algues. Ces bactéries photosynthétiques sont traditionnellement séchées et broyées et utilisées comme aliment depuis l’antiquité sous forme de galette ou fromage. Dans les années 1970 on les a redécouvertes dans les pays occidentaux et la mise en culture industrielle de souches de cyanobactéries a permis une utilisation industrielle en tant que complément alimentaire et superaliment.
La chine en est le plus gros producteur avec 5000 tonnes en 2013 et 50% de la production mondiale. La spiruline est également produite aux USA, en Afrique et en France de façon artisanale.
On en a fait un superaliment car elle apporte près de 400 calories pour 100 grammes et est riche en protéines, de 50 à 70% selon la période de récolte et l’environnement. Elle contient aussi de nombreuses vitamines, des oligoéléments dont du fer et du calcium, du béta carotène, de la chlorophylle et une phycocyanine. Des enzymes sont présentes dont une superoxyde dismutase ainsi que des acides gras essentiels oméga 6 et acide gamma-linolénique. Chez l’homme elle a une très bonne digestibilité, supérieure à 75%, due à la richesse de sa paroi en muréine, plus digestible que les parois pectocellulosiques habituelles des cellules végétales.
Elle est commercialisée sous plusieurs formes, comprimés, poudre, gélules, solution, et sous forme artisanale en brindilles et paillettes et parfois sous forme de produits alimentaires dérivés comme des pâtes artisanales. Il faut également remarquer que le projet MELISSA lui confère un rôle très intéressant pour l’exploration spatiale car pouvant accompagner les astronautes dans des missions de longue durée et permettant la survie à bord des vaisseaux. De plus elle produirait une grande quantité d’oxygène.
En dehors de ses vertus nutritionnelles on lui a trouvé une action hypolipémiante et hypocholestérolémiante, des propriétés antiinflammatoires dues à la phycocyanine qui inhibe la formation de TNF-alpha, et au bêta-carotène qui inhiberait l’action de la COX-2.
Elle possède également des propriétés antibactériennes, antivirales, antitumorales et antioxydantes. Pour l’allergologue, il doit retenir une fonction immunomodulatrice avec stimulation de lymphocytes NK liée à la concentration en bêta-carotène et d’acide ascorbique avec des différences selon le milieu de culture et le phénotype de l’individu. Dernièrement on a montré chez le rat un effet protecteur vis-à-vis de l’asthme expérimental induit par l’ovalbumine ou la fumée de tabac et chez l’homme une action supérieure à celle de la cétirizine dans la rhinite allergique avec baisse significative des interleukines Il-1 et IL-4. Cependant les effectifs des groupes traités restaient faibles (1).
A contrario, des effets secondaires parfois sévères ont été rapportés avec des chocs anaphylactiques décrits depuis 2010 par une équipe française chez un adolescent de 14 ans (2). La phycocyanine était l’allergène suspect. Depuis d’autres cas d’anaphylaxie ont été rapportés avec tests cutanés positifs ainsi que des urticaires ou des éruptions cutanées retardées atteignant les paumes et la langue (3).
Actuellement les niveaux de preuve restent faibles pour recommander chez l’homme une supplémentation en spiruline et pour L’ANSES par mesure de précaution la spiruline est déconseillée chez les femmes enceintes ou qui allaitent. Elle est également déconseillée chez les patients victimes de goutte, de phénylcétonurie ou de lithiase rénale. Elle ne doit pas être consommée en cas de traitement anticoagulant, de problèmes cardiaques ou d’hémochromatose. L’ANSES s’inquiété également de l’importante concentration en bêta-carotène pouvant dépasser la limite d’apport quotidien. A à la suite de 49 cas d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la spiruline elle a publié en 2017 un avis soulignant que les produits contenant de la spiruline pouvaient être contaminés par des cyanotoxines ou des métaux mais considérait qu’en dehors de ce risque de contamination la spiruline prise à faible dose ne semblait pas présenter de risque sanitaire.
Nous devons donc reconnaitre que la spiruline a une action sur le système immunitaire notamment par ses pigments, mais entre effets thérapeutiques qu’il faut confirmer et effets secondaires reconnus, l’allergologue doit rester vigilant sur cet allergène alimentaire possiblement masqué et à déclaration non obligatoire.
Références