ALLERGIQUE ? Histoires et nouvelles pour petits et grands.
L’auteure nous emmène dans un monde allergique vivant, drôle, émouvant, à travers des scènes imaginaires ou de la vie quotidienne.Ces courtes histoires sont rythmées par les saisons en commençant par le printemps.
« Ça y est, cette fois c’est certain, nous allons déménager.
Enfin je vais avoir ma chambre pour moi toute seule et ne plus la partager avec mes sœurs.
Papa et maman, après deux ans de recherches infructueuses, se sont enfin décidés à faire construire une maison. Le terrain n’est pas très grand mais c’est toujours mieux que l’appartement.
Nous allons habiter au bord d’un champ qui est occupé par des ânes et des chevaux. C’est magique le son des sabots ainsi que les bruits de la chaîne qu’il faut ouvrir pour accéder au pré. Je rêve déjà de leur apporter des carottes et des morceaux de pain.
« Dis maman, quand est-ce qu’on déménage? ». Maman part d’un grand éclat de rire : » mais non, pas avant au moins un an, c’est long de faire construire et cela coûte très cher ». »Mais nous partirons quand même au bord de la mer cet été? ». « Non, je ne crois pas. »
Les semaines s’écoulent trop lentement à mon gré. Enfin les murs de la maison sont montés, mais cela ne m’amuse plus de passer tous mes samedis et dimanches à patouiller dans la gadoue du chantier de construction. Heureusement que je peux aller grattouiller le dos des ânes et des chevaux. Le champ appartient à un cousin de maman et j’ai le droit d’aller caresser les animaux.
Déjà presque un an de passé, papa et maman se sont un peu disputés avec le constructeur car lui il n’est pas pressé, c’est pas lui qui supporte mes sœurs. A 11 ans, je n’ai plus envie d’être avec ces bébés de 8 et 4 ans. Je n’ai pas de place pour travailler mes devoirs et en 6ème, il y en a beaucoup. La rentrée scolaire n’a pas été facile : le collège, la cantine, mais au moins je suis avec mes copines, et j’ai même retrouvé mon amoureux de CM2.
La maison est enfin terminée, bien qu’il reste encore les peintures, le papier peint à poser. C’est moi qui choisirait le mien. Les ampoules nues pendent au plafond. Ça sent la « poussière du neuf » comme dit maman.
Pour déménager, papa et maman nous demandent de commencer à trier nos jouets. J’emballe précieusement mes chevaux en bois et mon écurie en bois. Maman m’a dit que ces jouets en bois sont fabriqués pas loin d’ici. J’y tiens beaucoup car je suis fan de chevaux et autres équidés, dixit maman
C’est bientôt la St Nicolas. Maman est lorraine et pour elle, cette fête est presque plus importante que Noël. Lorsqu’elle était enfant St Nicolas passait dans sa classe et demandait si ils avaient tous bien travaillés cette année. Parfois il posait quelques questions sur le catéchisme ou sur du calcul. Mais des questions faciles. Après il distribuait des bonbons et parfois une orange.
Maman m’a raconté que cette fête était également le temps de réunir toute la famille autour de la table de la grande salle à manger. Ma grand-mère faisait partie d’une famille très nombreuse et il y avait beaucoup d’enfants de tout âge. Quand elle était enfant, ma maman faisait pas mal de bêtises avec son cousin qui avait un an de plus qu’elle. Leur jeu favori : se cacher dans l’atelier de menuiserie de son grand-père, ou dans l’immense poulailler ou les planches de bois étaient stockées. L’atelier était très dangereux car de nombreuses machines fonctionnaient à l’aide de poulies et de courroies et les moteurs étaient mis sous le plancher. Sa cachette favorite : les toilettes car une toute petite ouverture permettait de s’échapper dehors lorsqu’elle entendait des ouvriers marcher près de la porte . Elle se cachait également dans les greniers de la maison, en fait des placards de sous- pente. Là encore c’était strictement interdit car si le loquet venait à se fermer pas moyen d’ouvrir de l’intérieur. Et elle se mettait à tousser et à éternuer, ce qui l’a faisait vite être découverte. Elle allait également chiper des pots de confitures dans la grande réserve pour les partager avec Frantz. Maman était allergique à la poussière aux moisissures.
Autant dire que l’approche de St Nicolas lui donnait des sueurs froides.
L’année de ses 7 ans, après que la nuit fut tombée et que toute la famille était rassemblée autour du gros poêle en céramique, elle entendit le tintement des clochettes qui tintinnabulaient de plus en plus fort. Une bruit de cata clop, cata clop cata clop et les sons caractéristiques d’un fouet et d’une chaîne lui firent accélérer les battements de son cœur et également entraîner un début de crise d’asthme. Elle jeta un coup d’œil à Frantz qui malgré ses bientôt neuf ans n’en menait pas large et avait le visage aussi blanc qu’elle.
Une grosse voix dehors dit : « Y a t il des enfants sages, obéissants et qui travaillent bien à l’école derrière cette porte ?» Elle n’osait pas bouger alors que ses cousins et cousines se précipitaient dehors. Ils revirent avec plein de bonbons dans leurs menottes. «Y a t il d’autres enfants ou dois-je faire venir le père Fouettard?» Cette question fut assortie d’une rire diabolique et de bruits de coups de fouet et de chaîne sur le sol. Nos parents nous regardèrent tous les deux en pleurs et nous leurs avouâmes qu’après une mémorable partie de cache-cache d’abord dans l’atelier puis dans le poulailler nous avions laissé les poules s’échapper. C’est également ce jour-là que e coq fut tué par le gros berger allemand de la maison. Nous avions accusé les petits d’être à l’origine de ces méfaits.
Les coups continuaient d’être frappés sur le panneau de l’épaisse porte d’entrée.
«Pardon, pardon St Nicolas, c’est promis nous promettons d’être sage à partir de maintenant. Pardonne-nous et dit au père Fouettard de s’en aller» Le rire satanique fut de plus en plus faible. La porte d’entrée s’ouvrit et nous vîmes tous les deux St Nicolas. Il se tenait devant son âne chargé de cabas rempli de gâteaux, de friandises. La tête de l’âne était protégée par un gros bonnet pour ne pas qu’il attrape froid. St Nicolas avait une grande barbe blanche, un habit d’ecclésiastique tout rouge, une mitre dorée sur la dette et une grande crosse blanche enrubannée de rouge à la main. Il était aussi grand que mon oncle Paul mais les épaules et le ventre plus rembourrés, comme si il avait mis un oreiller sur son gros ventre. Il n’y avait plus de père Fouettard à l’horizon. Nous nous tenions tous les deux devant lui, le fond de nos culottes trempées. Pour Frantz cela se voyait beaucoup car il était en pantalon, mais moi en jupe c’était plus discret.
St Nicolas nous dit d’une voix profonde et grave qu’il nous pardonnait et nous tendit à chacun un tout petit manela. Ces bonhommes de pain d’épices ressemblaient à ceux que nous avions décorés hier soir avec grand-mère.
Maman partit d’un grand éclat de rire en me racontant cette histoire.
«Tu sais que St Nicolas est l’ancêtre du Père Noël, ce n’est pas à cause d’une marque de soda, comme le veut une légende moderne. Mais, tu sais, le soir de la St Nicolas j’ai encore un pincement dans la poitrine en souvenir de cette fameuse soirée».
La St Nicolas fut fêtée dignement dans la nouvelle maison et le cousin de maman mit un habit de St Nicolas et vint toquer à la porte avec un de ses ânes garni de clochettes. Il m’offrit des crosses en sucre, des bonhommes en pain d’épices et heureusement je n’eus pas peur car je savais que c’était lui. Son âne vint frotter son museau tout doux sur le creux de main. Maman était quand même un peu plus blanche que d’habitude….
ALLERGIQUE ?
Histoires et nouvelles pour petits et grands.
Le printemps.
L’allergie est une maladie mondiale en forte expansion.
Cet ouvrage aborde l’allergie par le biais de petites histoires. Le vécu de l’allergique, ses difficultés au quotidien sont décryptés afin de mieux connaître et par conséquent de mieux combattre ce fléau : l’allergie. De nombreux conseils, astuces sont donnés pour identifier et éviter l’allergène responsable des symptômes présentés.
L’auteure nous emmène dans un monde allergique vivant, drôle, émouvant, à travers des scènes imaginaires ou de la vie quotidienne.
Ces courtes histoires sont rythmées par les saisons en commençant par le printemps.
Michèle PIPART est médecin allergologue et exerce depuis 1989 l’allergologie dans son cabinet libéral. Elle est également diplômée en Sophrologie relaxation.