Personne ne sera surpris de constater que la place de la santé dans les préoccupations de nos concitoyens est maintenant au deuxième rang juste derrière la question du pouvoir d’achat. Et, il n’est pas impossible, nouvelle vague covid aidant avec un variant omicron prégnant qu’il atteigne la première marche du podium. Mais, quand on parle de la santé en réalité de quoi parle-t-on ? Pour l’immense majorité de nos concitoyens, on parle probablement covid et peut-être hôpital. Or, s’il y a bien un sujet majeur c’est celui de la tragédie de l’hôpital public qui est en train purement et simplement de craquer. Les causes ne sont pas seulement immédiates même si l’absence de prise en considération sérieuse de ce qu’ont vécu les soignants et l’absence de revalorisation réelle de leur situation en portent une large responsabilité. A la fermeture des lits décidées pour des raisons budgétaires s’est ajoutée la fermeture de lits pour absence de personnel de soins et maintenant la fermeture de salles d’opération pour insuffisances d’anesthésistes. La vision purement comptable de l’hôpital qui a amené à multiplier les postes administratifs, réduire massivement celui des soignants, réduire le nombre de malades à accueillir a abouti à une situation catastrophique que le covid a fait exploser. Revaloriser les fonctions médicales et de soins est une priorité nationale. Mais, elle ne peut se concevoir sans une réflexion approfondie sur la médecine de ville et la lutte contre les déserts médicaux. Le report sur les urgences à l’hôpital de malades qui auparavant pouvaient compter sur leur médecin de ville est une réalité à laquelle il faut s’attacher. La très faible installation de jeunes médecins, qui préfèrent faire des remplacements, est également une faiblesse de notre système à laquelle il faut remédier ne serait-ce que par la revalorisation du coût de la visite médicale. Tous ces sujets devraient être au cœur de la campagne présidentielle car ils déterminent en réalité l’insatisfaction d’un droit fondamental : le droit à la santé.
Mais la santé ne s’arrête pas aux soins et à l’aspect curatif. Notre ministère s’appelle celui de la santé : c’est en réalité celui de la maladie, car la prévention reste le parent très pauvre notre conception de la médecine. Alors que l’origine environnementale de nombreuses maladies y compris les plus graves d’entre elles fait de moins en moins de doute, le laxisme à l’égard des produits toxiques notamment dans le domaine alimentaire mais aussi à l’égard de la pollution de l’air est une tautologie. Les condamnations communautaires ne changent strictement rien et, l’état préfère payer des indemnités plutôt que respecter la loi et plus encore respecter la santé de nos concitoyens. Même les études de plus en plus précises sur les liens entre la fréquence des cas de covid et la pollution aux particules fines ne changent rien. Plus largement, la médecine environnementale reste encore largement inconnue et la santé environnementale est un concept qui peine à s’imposer dans le débat
Pourtant, au niveau international, l’idée de One Health s’impose de plus en plus dans le débat public. La santé globale qui intègre non seulement toutes les formes de la santé humaine mais également la santé du vivant est une idée porteuse de sens et de transformation. Elle doit s’imposer dans le débat public pour permettre à l’essentiel, c’est-à-dire à la vie, de demeurer le cœur de toutes les politiques.