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La chia (Salvia hispanica), une pseudo céréale bonne pour la santé ?

publié le 07/06/2022 | par François Lavaud

La chia est une plante herbacée annuelle de la famille des lamiacées qui comporte près de 6000 espèces dont la sauge, le basilic, le thym, la menthe et la lavande. Elle est originaire du Mexique où on utilisait les graines dès l’époque précolombienne pour usage alimentaire sous forme grillée ou moulue. La chia était la troisième source alimentaire après le maïs et le haricot.

De nos jours et depuis les années 1990 les entreprises alimentaires ont promotionné ces graines à partir d’un cultivar plus riche en nutriments et en oméga-3. Le brevet déposé a permis d’en multiplier la culture en Amérique du Sud et d’en développer la commercialisation au niveau planétaire.

La production mondiale était de 80 000 tonnes en 2016 (Argentine et Pérou) sur 300 000 hectares et représentait un marché de 1 milliard de dollars en 2020.

En effet, ce nouvel aliment a fait l’objet d’un réel engouement pour des raisons diverses dont la curiosité, le souhait de trouver d’autres sources alimentaires, les effets de mode, le goût pour le sport et le bio, le véganisme… et on lui a bien entendu trouvé de multiples avantages.

En 2009, la commission européenne a pris l’arrêté suivant : « les graines de chia (Salvia hispanica) et les graines de chia broyées, telles qu’elles sont décrites en annexe, peuvent être mises sur le marché communautaire en tant que nouvel ingrédient alimentaire à utiliser dans les produits de la boulangerie, à raison d’une teneur maximale de 5% de graines de chia (Salvia hispanica) ». Bon à savoir ? Et vous en avez surement consommé sans vous en apercevoir : pains aux graines, puddings, muffins, crêpes, confitures, chocolats, crèmes, jus de fruits, yaourts, entremets, chapelure pour poissons, barres énergétiques, salades…

Les bienfaits de la graine de chia sont largement mis en avant et des publications scientifiques en font état mais elles sont entachées de biais car subventionnées par le dépositaire du brevet. Leurs valeurs rapportées sont nutritionnelles et on en fait un superaliment riche en nutriments. Elles contiennent 23% de protéines avec tous les AA essentiels, des oméga-3 (16 à 20%), des oméga-6, des fibres, des minéraux dont du calcium. Et en conséquence on leur prête aussi des vertus médicinales avec lutte contre le vieillissement et le diabète, aide à la mémoire et au sommeil, protection cardiovasculaire, action nourrissante pour la peau et les cheveux, propriétés anti-inflammatoires et mucilages, pouvoir rassasiant et perte de poids.

Leur consommation peut cependant présenter des risques et des troubles digestifs sont rapportés avec douleurs abdominales et troubles du transit, on a décrit aussi des dysphagies et des dyspnées après surconsommation de graines séchées puis se dilatant dans l’œsophage, mais aussi il existe des doutes sur l’association au cancer de la prostate par leur forte teneur en acide alpha linolénique , et des interactions médicamenteuses avec le traitement du diabète ( risque d’hypoglycémie) et de l’HTA (risque d’hypotension).

Sur le plan allergologique le risque existe comme pour toutes les graines et la graine de chia contient des protéines de stockage à type de vicilines, légumines, conglutines, et aussi des albumines, prolamines et des glutélines, qui sont des allergènes potentiels. Une équipe espagnole (1) a rapporté en 2015 l’observation d’un homme de 54 ans pollinique et allergique au poil de chat qui consommait des graines de chia à visée hypocholestérolémiante. Au bout de quelques jours il présentait un syndrome oral suivi d’une urticaire généralisée, d’un angioœdème du visage et d’une dyspnée justifiant son admission en SAU. Les tests cutanés étaient positifs à la chia et par immunoblots les allergènes incriminés étaient une lectine, un facteur d’élongation, une globuline 11S et 3 nouveaux allergènes jusqu’ici non répertoriés. L’absence de réactivité en puce ISAC avec les autres allergènes végétaux a fait évoquer aux auteurs l’absence de réaction croisée avec les vicilines , les légumines et les conglutines.

Ainsi comme pour tout nouvel aliment et surtout pour les plus vantés donc les plus utilisés, une allergo-vigilance doit rester active en particulier s’il la consommation est  occulte ou à visée médicinale.

1-Garcia-Jimenez S., et al. Allergen characterization of chia seeds (Salvia hispanica), a new allergenic food. J Invest Alletgol Clin Immunol 2015 ;25 :55-6.

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