Introduction
Le diagnostic d’un eczéma de contact est parfois facile lorsque les lésions cliniques sont particulièrement évocatrices : allergie de contact aux boucles d’oreille fantaisie, aux boutons de jean, au sparadrap. Cependant dans la grande majorité des cas, l’extension des lésions à distance du contact initial, la multiplicité des lésions, leur évolution rendent très souvent difficile l’identification de l’allergène.
Cette identification doit débuter par un interrogatoire « policier » qui guidera le choix des allergènes à tester par la suite. La technique des tests devra être adaptée aux allergènes à tester et outre la technique de référence des patch-tests pourra s’appuyer sur d’autres méthodes.
Enfin, les résultats des tests devront être interprétés selon des règles précises sur le plan clinique mais aussi, c’est fondamental, sur le plan de la pertinence.
Interrogatoire
Il doit être méthodique en s’aidant éventuellement d’un questionnaire systématisé et évaluera les données personnelles du malade, ses antécédents, la prise de médicaments, l’histoire clinique détaillée, l’ensemble des contacts cutanés…
À l’issue de cet interrogatoire les tests épi-cutanés vont pouvoir être programmés.
Questionnaire à remplir avant les tests
Choix des tests épicutanés
La batterie standard est indispensable
En principe, une batterie standard comprend les allergènes dont la fréquence de positivité est inférieure à 1%.
On pourra utiliser la batterie standard internationale ou la batterie standard européenne qui est plus adaptée aux allergènes retrouvés en Europe.
Elle est mise à jour régulièrement.
La batterie standard internationale
La batterie standard européenne
Les batteries complémentaires commerciales
Elles seront choisies en fonction de l’interrogatoire.
Les produits personnels du malade
Ils doivent aussi être testés car aucune allergothèque, même très complète ne peut comprendre tous les allergènes existants et émergents.
Pratique des tests épicutanés ou patch-test (PT)
Contre-indications des tests épicutanés
La pratique des PT met en évidence 2 problèmes concernant cette technique: fiabilité et pertinence clinique.
Le respect des contre-indications (CI) permet une meilleure fiabilité.
Fiche de conseils pendant la période des tests
Il est souhaitable de remettre une fiche à l’attention du malade pendant la période des tests lui indiquant la nécessité :
– Technique des tests épicutanés
Elle s’appuie sur un principe très simple :mettre en contact avec la peau le produit que l’on désire étudier dans des conditions aussi proches que possible de celles qui sont réalisées dans la pratique clinique.
– Préparation du matériel :
– Préparation des patch-tests :
Chaque substance à tester est déposée sur une pastille (patch) qui est elle-même collée sur un support adhésif de 10 pastilles.
Attention : Une seule lecture à 48h fait perdre au moins 25% des tests positifs !
Lecture des tests épicutanés
Les critères retenus sont seulement objectifs : érythème, œdème, papules, vésicules, bulles et appréciables à l’examen clinique – inspection et palpation.
0 ou – test négatif : peau inchangée
+/- ou ? test douteux : érythème simple (figure 1)
+ test positif faible :érythème, œdème, rares papules (figure 2)
++ test positif fort : érythème, œdème, vésicules et/ou papules > à 50 % s² du test (figures 3.1 et 3.2)
+++ test positif violent : érythème,œdème, vésicules et/ou bulles (figures 4.1, 4.2 et 4.3)
IR test irritatif : effets savon, shampoing, croton ou réaction nécrotique (figures 5.1, 5.2 et 5.3)
NT : non testé
Elle s’appuie sur des éléments anamnestiques et cliniques.
La pertinence peut être possible ou certaine ; actuelle ou ancienne ; absente.
Complications des tests épicutanés
– Complications précoces :
– Complications tardives :
Les tests épicutanés autres que les patchs-test
– Test semi-ouvert (ou open-test)
Consiste à définir une zone cutanée de 1 à 2 cm² puis à appliquer le produit à tester en petite quantité à l’aide d’un coton-tige. Après séchage, recouvrir d’un adhésif.
Le choix de ce type de test dépend essentiellement de la nature des produits à tester et en pratique est souvent utilisé pour les produits amenés par les malades.
– Applications pratiques des tests semi-ouverts ou open-tests :
De nombreux produits ayant un pouvoir irritatif pourront être testés par cette méthode. Pour les produits liquides il faudra vérifier le ph qui doit être compris entre 4 et 10 (des dilutions sont possibles).
C’est aussi une méthode rapide et pratique quand il y a de nombreux produits personnels du malade à tester.
Par exemple :
– Produits pharmaceutiques :
Antiseptiques à base de dérivés mercuriels, ammonium quaternaires, antiseptiques avec émulsifiants ou solvants.
– Produits cosmétiques :
Contenant des émulsifiants, solvants, ou autres substances exerçant un pouvoir irritatif (mascara, laque cheveux, vernis à ongles, teintures, shampooings, savons liquides…).
– Produits ménagers et industriels :
Peintures, résines, vernis, colles, encres, cires, fluides de coupe…
– R.O.A.T – test (ou Repeated Open Application Test)
Le test répété ouvert d’application ou ROAT-test consiste en l’application d’un produit fini ou d’un allergène dilué dans un excipient, 2 fois/jours pendant 15 jours.
Le test est positif si une réaction locale à type d’eczéma apparaît, il est considéré négatif en l’absence de réaction au bout des 15 jours d’application.
Avantages/Inconvénients :
– Intéressant en cas de suspicion clinique concernant un produit et de patch-test négatif (allergène présent en quantité infime ou ne pénétrant pas suffisamment la peau après une seule application).
– Soumis à la fiabilité du malade.
Applications pratiques :
– Produits pharmaceutiques à usage local : collyres, crèmes, pommades, gels.
– Produits cosmétiques : produits de soins (crèmes, laits) produits solaires, produits de maquillage, eaux de toilette, déodorants…
– Test d’usage
Quand un patch-test puis un ROAT-test sont négatifs avec un produit suspect d’avoir provoqué une dermite de contact au niveau d’une « zone sensible » (paupières, visage, cou) le test d’usage consiste à utiliser le produit suspect dans les conditions réelles d’utilisation.
Françoise Leprince d’après une communication du Dr Françoise Giordano-Labadie (CHU Purpan – Toulouse, France)