Il est présent partout, même dans l’air et les nuages. Dans nos poubelles, nos rues, les océans, les nappes phréatiques ou la chaîne alimentaire, le plastique a littéralement envahi la planète. Plus de 24,4 milliards de particules de plastique sont présentes dans les océans. Une étude publiée en décembre 2022 par un groupe de chercheurs néo-zélandais dans le journal Environmental Science & Technology* révèle la présence de 5000 éléments microplastiques par mètre carré dans les retombées atmosphériques à Auckland. Rapportés sur un an, ces chiffres sont équivalents à 74 tonnes de plastique soit 3 millions de bouteilles qui flottent sur la ville et qui tombent au sol avec les précipitations. Ces résultats tranchent avec ceux obtenus par des relevés réalisés dans le monde. Ainsi, on comptait 110 éléments plastiques par mètre carré à Paris en 2016, 275 à Hambourg en Allemagne en 2019 ou encore 771 à Londres en 2020.
Dans cette étude, les chercheurs ont affiné leurs mesures grâce à un colorant qui a permis de mettre en évidence des éléments de 0,01 millimètre, ce qui n’était pas le cas dans les précédents relevés européens. La pollution de l’air par les microplastiques serait donc largement sous-estimée dans les autres pays. Le professeur Rindelaub qui a dirigé l’étude ajoute « Plus on zoomait, plus la quantité de particules augmentait ». Une dizaine de substances différentes ont été détectées dans ces échantillons de microplastiques, en particulier du polyéthylène (PE), du polycarbonate (PC) et du téréphtalate de polyéthylène (PET). Ces particules proviennent principalement des emballages, des vêtements synthétiques, des pneus et de matériaux employés dans la construction de bâtiments. Selon les auteurs de cette étude, ces plastiques ne seraient pas forcément relâchés par les activités humaines en Nouvelle-Zélande mais transportés par les courants aériens et marins en provenance d’autres pays émetteurs, favorisés par les températures de toute cette région du pacifique.
« Des microplastiques sont régulièrement retrouvés dans les poumons humains, en particulier chez les personnes atteintes de cancer » précisent les chercheurs dans les commentaires de leur étude. Des nanoplastiques (taille inférieure à 0,1 micromètre) peuvent passer dans le sang et les cellules, franchir la barrière hémato-encéphalique et même le placenta. Les scientifiques mettent aussi en lumière le lien direct entre la pollution plastique et la mortalité engendrée par la mauvaise qualité de l’air.
L’équipe à l’origine de ces nouvelles découvertes rappelle l’urgent besoin d’agir : « Plus de 8 milliards de tonnes de plastiques ont été produites au cours des 7 dernières décennies. Et seulement 9 % ont été recyclées. Le reste a été relâché dans la nature ».
Dans le cadre de la loi contre le gaspillage et l’économie circulaire, un décret interdit les emballages plastifiés pour une trentaine de fruits et légumes dès janvier 2022. En effet, 37 % des fruits et légumes en France sont vendus sous emballage, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. Les lots de fruits ou de légumes de plus de 1,5 kg ne sont pas encore concernés par cette nouvelle réglementation tout comme certains produits plus fragiles. Ces exceptions sont progressives jusqu’au 30 juin 2026, le temps pour les producteurs et les industriels de trouver des alternatives viables. Mais, dans une décision du 9 décembre 2022, le Conseil d’État a jugé contraire à la loi anti-gaspillage l’extension de la liste d’exemptions à des fruits et légumes ne présentant pas de risque de détérioration et au caractère temporaire de ces exemptions. Il a donc annulé le décret fixant la liste des fruits et légumes pouvant être vendus sous emballage plastique. Un nouveau décret est en cours d’élaboration par le Ministère de la transition écologique…
* Wenzia F., Salmond J.A., Dirks K.N., Sanz P.C., Miskelly G.M. Rindelaub J.D. Evidence and Mass Quantification of Atmospheric Microplastics in a Coastal New Zealand City. Environ. Sci. Technol. 2022, 56, 24, 17556–17568