En chaque début d’année, la coutume veut que l’on présente ses vœux en particulier de bonne santé. Plus que jamais, ce vœu est essentiel à plus d’un titre.
L’espérance de vie en bonne santé décroît dans notre pays comme dans d’autres pays industrialisés et, malgré la multiplication des études et des connaissances de plus en plus précises sur l’impact des pollutions en particulier chimique sur la santé humaine, une véritable politique de prévention n’est toujours pas l’ordre du jour. L’addiction aux pesticides, la reconnaissance des effets néfastes des PIFAS et des perturbateurs endocriniens ne permettent toujours pas d’aboutir à des politiques sérieuses et les lobbys ont obtenu la prolongation pour un an du glyphosate et le report de la modification du règlement Reach, le tout bien entendu au détriment de la santé des Européens.
Cette situation plus que préoccupante intervient alors que l’épidémie COVID s’éternise et coexiste avec multiplication des grippes, bronchiolite et autres gastros dont le sérieux et le nombre interpellent.
Et, les effets délétères du dérèglement climatique sur la santé humaine ne se sont faits encore que faiblement ressentir même si un surcroît important de mortalité a été relevé au mois d’août en France. Les nouvelles morbidités liées aux changements climatiques et aux espèces invasives telles que le moustique tigre ne sont qu’à leurs débuts.
Quant à la question de biodiversité dont le concept one Health illustre parfaitement les liens entre santé humaine santé animale et santé de la nature, elle devient heureusement, même si c’est avec beaucoup de retard, un sujet de préoccupation important si ce n’est majeur des politiques.
De tout ce qui précède, et même si les progrès de la médecine thérapeutique sont indéniables, l’amélioration de la santé humaine ne pourra venir qu’une véritable transformation de nos modèles de vie et la mise en place d’une véritable politique de prévention.
Celle-ci s’avère d’autant plus indispensable que cette détérioration intervient dans un système de santé à bout de souffle. Les lits ferment dans les hôpitaux faute de médecin et de personnel soignant ; les urgences ne peuvent plus répondre et la médecine de ville, lorsqu’elle existe encore compte tenu des déserts médicaux est en souffrance . Les médecins libéraux défilent en masse, des laboratoires biologiques se mettent en grève… bref c’est tout le système de santé qui explose.
Dans l’urgence ,le président Macron annonce une énième réforme.
La crise actuelle si tant est qu’on puisse parler de crise est multiforme et en réalité elles touchent à des sujets qui vont très au-delà de la santé publique elle-même tout au moins de la santé publique telle qu’on la définit habituellement. C’est en réalité notre modèle de société qui est interpellé, dans son rapport à la nature et donc à l’alimentation, mais aussi dans la régression permanente du service public depuis des années, dans la dévalorisation des métiers pourtant essentiels au fonctionnement de la vie des cités, dans la transformation du rapport au travail etc.
Faire de la santé un impératif absolu au même titre que le climat et la biodiversité et à ce titre repenser totalement l’ordre des priorités et ce tant dans les politiques publiques que dans les politiques des entreprises et dans les dépenses des ménages. Ce changement de paradigme implique de revaloriser la prévention à tous les niveaux en commençant bien sûr par l’abandon programmé et sanctionné de toutes les molécules toxiques et par une révolution agricole ; cela continue par une reconnaissance financière des professionnels de santé de telle sorte que puissent être prises en charge les différentes astreintes et que la médecine de ville, dotée de professionnel en nombre suffisant puisse décharger les urgences. Cela continue également par une formation de grand public sur la prévention (qui ne se réduit pas à la détection) et avec la reconquête de sa confiance ce qui n’est pas une mince affaire. Certes, il y a un coût pour les finances publiques mais, il y a également beaucoup de dépenses évitées pour les finances publiques.
En définitive, nous ne pouvons que souhaiter une meilleure santé à la Santé de manière de telle sorte que notre santé commune de s’améliore.