Le tatouage, qui existe depuis la nuit des temps, revient à la mode. Attention, le risque allergique n’est pas négligeable, notamment avec le colorant noir du faux henné des tatouages temporaires et le colorant rouge des tatouages définitifs.
Ces tatouages sont proposés sur les plages, les marchés. Pour un prix modique, on dessine sur votre peau avec une pâte de « henné noir » le tatouage temporaire de votre choix, qui durera environ 4 semaines avant de s’effacer naturellement. Le henné naturel donne lui-même peu d’allergie de contact mais pour rendre la couleur plus noire, le trait plus précis, on y ajoute un colorant noir, la Paraphenylène diamine (PPD), substance très allergisante qui se trouve dans cette pâte à des concentrations très importantes.
Les risques de se sensibiliser, c’est à dire de devenir allergique, à cette substance sont très importants. Lorsque la personne devient allergique à la PPD, le tatouage au bout de quelques jours, parfois quelques semaines, laisse place à un eczéma souvent sévère, qui laisse une cicatrice indélébile. Et à chaque nouveau contact avec cette substance dans les colorants capillaires, vêtements foncés, cuirs etc. , la personne allergique verra ressurgir son eczéma de contact. Ces tatouages temporaires sont très déconseillés, particulièrement chez les enfants qui se sensibilisent facilement.
En cas de réaction allergique de contact à un tatouage temporaire, il faut consulter son médecin qui prescrira une application de crème dermocorticoïde.
Même si c’est moins fréquent, les tatouages définitifs peuvent aussi donner différentes réactions immuno-allergiques, surtout avec les encres de couleur. La plus fréquente est l’eczéma de contact, mais on observe également d’autres maladies de peau : des réactions lichénoïdes ou granulomateuses non exceptionnelles qui se traduisent par des épaississements localisés de la peau, très inflammatoires. Ces réactions surviennent de quelques semaines à plus de 10 ans après le tatouage, y compris sur les lèvres (après tatouage des lèvres).
Le diagnostic d’allergie est essentiellement basé sur l’observation de la lésion par le médecin, les tests allergologique (patch tests) peuvent éventuellement compléter le bilan mais il n’est pas toujours facile de récupérer la composition de l’encre utilisée par le tatoueur car il ne note nulle part le mélange de pigments réalisé pour obtenir la teinte désirée… La réutilisation d’encres colorées sera dorénavant contre indiquée pour le patient allergique.
Il est impératif de consulter un dermatologue en cas de réaction cutanée afin d’établir le diagnostic et d’envisager un traitement. Il ne faut pas oublier que les tatouages peuvent aussi donner lieu à des infections cutanées dont le traitement pourrait être très urgent. Outre des traitements locaux (crèmes corticoïdes, injections locales de corticoïdes), un traitement par laser pourra dans certains cas être proposé mais avec un risque non négligeable de diffusion locale du pigment, pulvérisé par le laser.
Ce sont les pigments de couleurs qui donnent le plus souvent les réactions allergiques observées et particulièrement les pigments rouges : le Rouge de Cinnabar ou sulfure de mercure, le rouge cadmium. Ces derniers peuvent donner des eczémas sévères, des réactions granulomateuses, parfois même des pseudo-lymphomes.
Les autres colorants peuvent aussi occasionner des allergies : le jaune (Jaune cadmium, Jaune curcuma etc.) qui donne des réactions allergiques volontiers déclenchées par l’exposition solaire, le bleu, le vert etc.
Les pigments noirs, les plus utilisés pour les tatouages définitifs, donnent heureusement peu de réactions allergiques (oxyde de fer, carbone, noir de Logwood).
En conclusion, il faut retenir que les tatouages définitifs ne sont pas dénués de risques allergiques, surtout avec les encres de couleur.
Dr Isabelle BEGON BAGDASSARIAN