Les protéines régulées par la gibbérilline (GRP) sont des constituants des fruits mais aussi de certains végétaux reconnus comme allergènes depuis une dizaine d’années, tout d’abord mis en évidence dans la pêche et nomenclaturés Pru p 7 en remplacement de leur ancienne dénomination péamacléine.
La gibbérilline est une hormone agissant sur la croissance végétale et l’interruption de la période de dormance. La gibbérilline et les GRP jouent également un rôle de défense contre les stress biotiques et abiotiques dont les conditions climatiques et les polluants atmosphériques. Ces hormones synthétiques sont par ailleurs largement utilisées en agriculture industrielle pour augmenter les productions et améliorer la qualité de nombreux fruits, légumes et divers végétaux dont le raisin, les agrumes, les cerises, les framboises, le tabac, le coton, les pommes de terre, le blé, le riz, le tournesol, entre beaucoup d’autres.
Après avoir été identifiées dans la pêche chez des patients uniquement réactifs à Pru p 7 et non répondeurs pour d’autres allergènes majeurs dont Pru p 3, les GRP ont été isolées dans l’abricot japonais (Pru m 7), la grenade (Pru g 7), les agrumes (Cit s 7), la cerise (Pru av 7), et la framboise. Les GRP sont présentes dans la peau et la pulpe des fruits et sont un peu plus abondantes à ce niveau. Les fruits mûrs en contiennent d’avantage et la concentration est variable selon les cultivars, le mode de culture et l’environnement. La richesse des GRP en cystéine les rend résistantes à la chaleur et aux enzymes digestives.
Les symptômes cliniques chez les patients allergiques aux GRP sont variables allant du syndrome oral, qui est peu fréquent, à l’anaphylaxie avec description de cas cliniques d’urticaire généralisée et d’angiooedème (surtout des paupières). Les symptômes anaphylactiques sont souvent rapportés avec bronchospasme (23,1% des cas) hypotension (7,7%) et syncope (15,4%) dans une série de 50 patients (1). Les adolescents et les jeunes adultes sont les plus concernés et les aliments en cause sont variés en raison de réactions croisées avec prépondérance des fruits de la famille des rosacées. La pêche est cependant le principal fruit en cause avec chez 316 patients allergiques à la pêche un taux de mono-sensibilisation à la GRP Pru p 7 de 54%, corrélé avec une plus grande sévérité des symptômes (2).
Du fait de la présence de GRP dans de nombreux végétaux des réactions croisées ont été décrites entre la pêche et le pollen de cyprès avec une plus grande fréquence de la sensibilisation à Pru p 7 en cas de forte exposition aux pollens de cyprès.
Cependant toutes les GRP ne sont pas reconnues comme allergènes et la réactivité des IgE ne concerne que 9 espèces de fruits et 1 seul pollen. On ignore pourquoi certaines sont sensibilisantes et d’autres non et à ce jour on écarte les GRP de la liste des pan-allergènes végétaux. Un autre point à surveiller est l’impact des GRP exogènes distribuées sur des nombreux végétaux par les process de l’agriculture sur le contenu de la plante en GRP endogènes (3). Il faut enfin remarquer que comme de nombreux allergènes végétaux les GRP sont des protéines de stress dont l’expression est favorisée par les conditions environnementales et parmi elles les polluants et le climat.
1-Inomata N. Gibbereilin-regulated protein allergy : clinical features and cross-reactivity. Allergol Int 2020 ;69 :11-8.
2-Klingebiel C., et al. Pru p 7 sensitization is a predominant cause of severe, cypress pollen-associated peach allergy. Clin Exp Allergy 2019 ;49 :526-36.
3-Lizuka T., et al. Gibberellin-regulated protein :emergent allergens. Front Allergy 3:877553. doi: 10.3389/falgy.2022.877553