Des travaux récents, réalisés par des chercheurs de l’université de l’Utah et publiés dans la revue PNAS, apportent une nouvelle confirmation de l’allongement et de l’aggravation de la saison des allergies au pollen par le changement climatique. Ces chercheurs ont compilé près de trente années de mesures des niveaux de pollen provenant de 60 stations à travers les Etats-Unis et la Canada. Ce qui leur a permis de déterminer qu’en 2018, la saison des allergies avait commencé 20 jours plus tôt, duré 10 jours de plus, et impliquait également des concentrations de pollen 21 % plus élevées qu’en 1990. Il s’est par ailleurs avéré que le Texas et les Etats du Midwest américain avaient connu les plus fortes augmentations en matière de niveaux de pollen. Ces phénomènes découleraient en grande partie de la hausse des températures globales, engendrée par le changement climatique [Anthropogenic climate change is worsening North American pollen seasons. W. Anderegg et al. PNAS February 16, 2021 118 (7)] https://www.pnas.org/content/pnas/118/7/e2013284118.full.pdf
Si un certain nombre d’études à plus petite échelle, généralement réalisées sous serres, avaient déjà montré des liens étroits entre la température et les niveaux de pollen, ces travaux mettent en évidence ce lien à l’échelle d’un continent, et établissent une corrélation explicite entre les niveaux de pollen et le changement climatique alimenté par les activités humaines, selon William Anderegg, auteur principal de l’étude. Les chercheurs ont utilisé plus de 20 modèles climatiques et les ont comparés aux données concernant les tendances polliniques. Ce qui leur a permis de déterminer que le changement climatique pouvait expliquer à lui seul 50 % de l’allongement de la saison des allergies, mais seulement 8 % de la hausse des niveaux de pollen.
Principal facteur à l’origine de ces augmentations, la hausse des températures globales semble affecter l’horloge biologique des plantes, les poussant à produire du pollen plus tôt dans l’année. Il est toutefois intéressant de noter que les concentrations plus élevées de dioxyde de carbone, si elles participent évidemment au réchauffement climatique, ne semblent pas avoir un impact direct sur les niveaux de pollen. Le lien étroit entre le réchauffement climatique et les saisons polliniques illustre parfaitement les effets du changement climatique sur la santé des populations. Selon William Anderegg, « le changement climatique n’est pas quelque chose de lointain et de futur. Ses conséquences sont déjà bien visibles. »
Si les manifestations d’allergie au pollen peuvent sembler au premier abord anodines, les allergies peuvent exacerber des maladies telles que l’asthme, augmenter la fréquentation des hôpitaux, et sont également susceptibles d’affaiblir nos défenses immunitaires. Ce qui se traduit par une plus grande vulnérabilité face aux virus des personnes en souffrant. Le Haut Conseil de la santé publique a publié le 28 avril 2016 un avis, en cours de révision, sur l’information et les recommandations à diffuser en vue de prévenir les risques sanitaires liés aux pollens allergisants*
* https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=556