Les pollens sont arrivés avec quelques semaines d’avance et leur cortège habituel de maux pour les allergiques, asthmatiques et autres. Cela nous conduit directement à une réflexion sur l’impact sanitaire du dérèglement climatique et les conditions d’adaptation.. à supposer qu’elle soit possible.
D’ores et déjà, les impacts délétères de la pollution de l’air sont de mieux en mieux connus sans pour autant que PNSE après PNSE, la situation se soit considérablement améliorée. Les condamnations à répétition de la France tant par la juridiction communautaire que par la juridiction française commencent cependant à faire évoluer la législation avec la sortie d’un texte en décembre dernier sur les polluants et la réduction de la circulation automobile des véhicules polluants en ville. Cette question risque de devenir encore plus préoccupante avec le dérèglement climatique et en particulier l’augmentation de la température. Le gouvernement prépare actuellement le troisième plan d’adaptation au dérèglement climatique, les deux premiers ayant été d’une platitude extrême à telle enseigne que le conseil d’État saisi d’un recours contre le deuxième en raison de sa vacuité a jugé que cette vacuité n’était pas illégale dans la mesure où aucun texte ne prévoyait de dispositions particulières devant figurer dans un tel plan. Et pourtant ! Plus que jamais, une réflexion sur cette thématique s’impose tant l’accélération des effets du changement climatique se manifeste.
Les connaissances sur l’impact du dérèglement climatique sur la santé humaine méritent d’être considérablement approfondies car en réalité, cet impact est direct et indirect. Le caractère le plus évident est bien entendu l’effet délétère sur les personnes âgées des phénomènes de canicule ; il faut y ajouter les maladies auparavant tropicales liées en particulier à la présence de moustiques c’est-à-dire le chikungunya et la dengue. Mais ce n’est qu’une petite partie du problème ; l’impact du dérèglement climatique sur la qualité de l’air est aux prémices des études. De plus, la transformation indispensable de l’alimentation ne sera évidemment pas sans conséquence. Sans même souligner la remontée de la famine dans le monde, due à la guerre en Ukraine et au coût des céréales, et ses conséquences sur la mortalité et la morbidité, le changement de bol alimentaire n’est pas sans effet. De plus, la multiplication et l’évolution des zoonoses liées à la déforestation, la perte de biodiversité, les méthodes d’élevage peuvent aussi ne pas être sans lien avec le dérèglement climatique, la sécheresse, la perte d’humidité..
Dans le cadre de la réflexion sur l’adaptation, il est donc essentiel que le volet sanitaire soit traité convenablement à la fois sur le plan de la recherche et sur le plan des mesures indispensables à mettre en œuvre. Ce n’est probablement pas le plus simple mais nous devons apprendre à vivre dans un monde différent.